Alors qu'il se battait pour l'abolition de la peine de mort, Robert Badinter était menacé pour son engagement. Il a trouvé refuge dans la maison de son amie Benoîte Groult, à Doëlan dans le Finistère. C'est là qu'il a écrit l'ébauche de son célèbre discours sur l'abolition de la peine de mort. La fille de Benoîte Groult témoigne.
"Cette table n’a pas l’air de grand-chose, mais c'est une table historique !" Lison de Caunes assure la visite dans la maison familiale de Doëlan à Clohars-Carnoët dans le Finistère. "Robert Badinter était là, face à la mer et c’est là qu’il a écrit le premier jet de son texte sur l’abolition de la peine de mort."
L'ancien garde des Sceaux qui nous a quittés dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 février, était venu se réfugier dans la maison de ses amis, Paul Guimard et la célèbre écrivaine Benoîte Groult , la mère de Lison de Caunes, qui nous accueille. "Il avait la chance de trouver ici une maison isolée où on n’allait pas l’embêter. Personne n’est venue. Personne ne savait qu’il était là."
"Il avait eu des problèmes à Paris quand il a commencé à lutter pour l’abolition de la peine de mort. Il a été menacé. Il a dit un jour à mes parents, je cherche un endroit tranquille pour écrire mon texte. Mes parents lui ont dit : on a l'endroit tranquille, c'est la maison de Doëlan."
Lison de CaunesFille de Benoîte Groult
"Tout respirait la douceur de la Bretagne en été"
"Ce texte ne me coûta ni effort ni angoisse, écrivit plus tard Robert Badinter dans son livre "L'Abolition" en évoquant son séjour à Doëlan. Les phrases s’alignaient presque spontanément sous ma plume. De temps à autre, je levais les yeux vers la mer. Mon regard s’accrochait à une voile qui tressaillait dans le ciel. Tout respirait la douceur de la Bretagne en été. Je souriais et me remettais à l’ouvrage. Le temps de l’abolition était venu."
La loi d'abolition de la peine de mort a été promulguée le 9 octobre 1981. D'autres grandes avancées de justice ont été permises grâce à Robert Badinter : il a également œuvré pour la suppression des quartiers de haute sécurité, pour l’autorisation des parloirs libres et la création des petites peines et des travaux d’intérêt général.
(Avec Catherine Aubaile et Christian Polet)