Une centaine de manifestants ont convergé de l'hôpital de Carhaix vers la préfecture du Finistère à Quimper ce jeudi 7 septembre 2023. En colère, ils protestent contre la régulation des urgences fermées le soir et la nuit. Après un été de fermeture, l'agence régionale de santé avait promis une réouverture totale du service au 1ᵉʳ septembre.
"Carhaix ! Carhaix ! Ré-sis-tance ! "
100 à 200 manifestants se sont donnés rendez-vous devant l'hôpital de Carhaix à 9h ce jeudi 7 septembre pour prendre la route vers un lieu inconnu. C'est finalement à Quimper, devant les représentants de l'État, que les défenseurs de l'hôpital de Carhaix ont décidé d'aller crier leur colère.
Au son d'une bombarde et d'une cornemuse, ils ont marché vers la préfecture du Finistère.
"Nous payons des impôts comme tout le monde, nous voulons les mêmes services qu'ailleurs" assène Mathieu Guillemot, porte-parole du comité de vigilance de l'hôpital.
En cause, la régulation le soir et la nuit du service des urgences jusqu'à nouvel ordre. C'est la direction de l'hôpital de Carhaix qui l'a annoncé ce vendredi 1ᵉʳ septembre.
Dans les faits, entre 18h30 et 8h30, les patients doivent désormais appeler le 15 pour être pris en charge à Carhaix ou être redirigés vers un autre service d'urgences, alors qu'il faut compter au moins 45 minutes en voiture, vers les centres hospitaliers de Brest, Guingamp ou Morlaix.
Des urgences déjà régulées cet été
La nouvelle passe très mal. Les urgences ont déjà été régulées toute la journée cet été. L'agence régionale de santé (ARS) avait promis un retour à la normale dès ce 1er septembre.
"Le 10 août dernier, avec l'ARS, Madame Feuillade - directrice du centre hospitalier régional universitaire Brest Carhaix- a reçu les défenseurs de l'hôpital, les syndicats, les élus, les représentants des comités de vigilance et de défense de l'hôpital, rappelle Mathieu Guillemot. On était une douzaine à l'écouter. Les yeux dans les yeux, elle nous a dit qu'au 1ᵉʳ septembre, le service des urgences de l'hôpital allait reprendre à 100%. Une semaine après, ça se transformait en urgences de nuit fermées."
Il y a eu du mépris, il y a eu de la moquerie et maintenant, il y a de la trahison
Mathieu GuillemotPorte-parole du comité de vigilance de l'hôpital de Carhaix
Le porte-parole réclame désormais la démission de la directrice de l'hôpital.
Écharpe aux couleurs du Gwen ha Du sur l'épaule, Christian Troadec, le maire de Carhaix, en apelle aux représentants de l'État : "On demande à la préfecture d'agir pour que la direction du CHU de Brest revienne sur sa décision et que l'ARS nous accompagne pour trouver les moyens nécessaires pour que les urgences restent ouvertes 7 jours sur 7 et 24h/24."
On vit une situation qui est inacceptable et pleine de danger pour la population locale
Christian TroadecMaire de Carhaix et vice-président du Conseil régional de Bretagne
Le préfet n'étant pas présent, une délégation a été reçue par le secrétaire général de la préfecture du Finistère. À l'issue de la rencontre, vers midi ce 7 septembre, les participants se disent "vigilants mais satisfaits".
L'agence régionale de santé et la préfecture travailleraient à planifier une ouverture totale des urgences, toute l'année et 24h/24.
Sollicitée ce jeudi après-midi au sujet de la reprise de l'activité totale du service des urgences, Elise Noguerra, directrice de l'agence régionale de santé (ARS) botte en touche et se contente de rappeler que :
L'accueil des patients qui nécessite une prise en charge urgente est garanti. La prise en charge des urgences vitales par le SMUR est aussi garanti 24h sur 24h
Elise NoguerraDirectrice de l'agence régionale de santé (ARS)
Les Carhaisiens, ardents défenseurs de leur hôpital
En début de semaine, 3.000 personnes s'étaient déjà rassemblées devant l'hôpital de Carhaix. Une quarantaine de pompiers s'étaient associés à cette mobilisation pour dénoncer la surcharge de travail et le danger que représentent les transferts de patients vers les autres services d'urgences de Brest, Quimper et Morlaix.
L'engagement des Carhaisiens ne date pas d'hier. Avant le service des urgences, c'est leur maternité et leur service de chirurgie qu'élus, agents hospitaliers, médecins et usagers défendaient déjà ardemment dès 2008.