En Cornouaille, la mer et la campagne ne sont jamais loin. Les villes moyennes et les villages offrent un cadre naturel qui attire de plus en plus. Natacha s'est installée à Quimper. Matthieu à Concarneau. Ils ont laissé derrière eux le bitume et la frénésie parisienne pour ce coin du Finistère où ils bâtissent leur nouvelle vie.
C'est bien simple : Julie* ne jure plus que par la Bretagne. En particulier Quimper, dans le Finistère où elle s'est installée il y a six mois, avec mari et enfants. Cette Vendéenne d'origine, expatriée dans les Yvelines à 23 ans - où elle ne s'est jamais vraiment acclimatée - se sent enfin dans son élément. "Vivre ici, ça ouvre l'horizon".
*Le prénom a été modifié
Loin du bitume
Elle n'arrive pas non plus en terre inconnue. Sa belle-famille vit à quelques encablures de la capitale de la Cornouaille, en bord de mer. "C'est mon mari qui m'a fait découvrir le Finistère, raconte Julie*. C'était notre destination pour les vacances. Quand on venait, je m'accordais systématiquement une journée en solo pour flâner à Quimper. Ce que je ne faisais jamais en région parisienne. J'adore cette ville. La cathédrale, les rues pavées, les terrasses, tout me plaît".
On voulait une autre qualité de vie pour les enfants
Julie
Les années passent. Jusqu'à ce jour de l'été 2021 où la décision est prise de déménager. "On a littéralement tout plaqué" dit-elle. Benoît, le mari, démissionne de son poste de directeur technique d'une salle de concert. La jeune femme, qui a opéré deux ans plus tôt une reconversion du secteur bancaire vers le métier de praticienne en massage bien-être, ferme son cabinet. "On se questionnait depuis un moment sur ce qui nous retenait à Paris. On voulait une autre qualité de vie pour les enfants". Loin du bitume, du bruit, du rythme effréné, "du flot dans lequel on était pris malgré nous, admet-t-elle. Même ma mère me disait : 'mais si vous continuez comme ça, vous allez mourir avant la retraite !'. C'était devenu chronophage".
"Ma place est ici"
Ralentir, respirer. Se poser. Changer le cadre dans une ville "à taille humaine" qui a les avantages de la vie urbaine sans ses inconvénients. Savourer les grands espaces. Autant de raisons qui permettent à Julie* de renouer avec la sérénité. "Mais je serai encore plus sereine quand mon mari aura retrouvé un job, confie-t-elle. Malgré cela, même si c'est parfois dur, il ne regrette rien. Il est heureux d'être ici. Les enfants ont trouvé leur équilibre très vite. Et puis, on les avait impliqués dans le projet dès le début, il y a eu des discussions en famille autour de ce départ".
Elle a ouvert son nouveau cabinet au coeur de Quimper, dans une ancienne chapelle aujourd'hui réhabilitée en immeuble de bureaux. Une statue de Bouddha accueille la clientèle. L'activité démarre doucement. "C'est une terre de guérison, le Finistère, sourit-elle. Je viens d'une lignée de guérisseurs, je suis sensible aux énergies. Je suis persuadée que ma place est ici".
Opportunité professionnelle
Plus au sud, Matthieu Honoré travaille avec vue sur mer. "Je vois les bateaux et des beaux couchers de soleil le soir" souligne-t-il. A des années-lumière du bureau qu'il occupait dans un espace de coworking, à Montreuil, il y a encore deux ans.
A Port-La-Forêt, ce spécialiste de la communication et des relations presse dans la voile ne pouvait pas trouver meilleur spot. Dans le carnet d'adresses de la société qu'il a montée en 2016 : l'école de voile des Glénan, la fédération française de voile, des skippers de la course au large, entre autres. Quitter l'Est de Paris pour le Finistère tombait sous le sens.
Pourtant, c'est un peu le hasard qui a conduit Matthieu au bout du monde. Ou plutôt une opportunité professionnelle que sa femme, directrice de l'US Créteil, a saisi au bond. "Elle cherchait à changer de boulot, relate-t-il. Sa candidature a été retenue par 'Under the pole' (une structure spécialisée dans l'exploration polaire sous-marine, NDLR). Cette proposition collait à ce qu'elle avait fait. C'était difficile de dire non".
"On n'a pas forcé les choses"
Quand les planètes s'alignent, elles pointent en direction de Concarneau où le couple et ses deux enfants débarquent juste avant le premier confinement, en 2020. "On n'a pas quitté Paris par rejet de Paris, précise Matthieu. On s'était dit que si, professionnellement, une occasion se présentait, on partirait. On n'a pas forcé les choses. Et pour être franc, le Finistère, on voyait cela un peu loin par rapport à nos familles".
Lui, le Rennais, elle, la Vendéenne, se sont pourtant rapidement sentis chez eux en Cornouaille. Les enfants, même s'ils n'étaient pas complètement emballés à l'idée de quitter leurs amis parisiens, ont fini par trouver leurs marques. "C'est chouette aussi pour eux, constate Matthieu. Ce déménagement leur a donné confiance dans leur capacité à s'intégrer, à changer de lieu de vie".
Surf, planche à voile, bateau à portée de mains. On n'est pas loin de l'image de carte postale. "On a un cadre de vie magnifique, c'est vrai, reconnaît ce passionné de voile. Et tout est à proximité". Le couple avait déjà tenté un petit intermède en Bretagne, alors qu'il venait d'arriver à Paris il y a une vingtaine d'années. "On a vécu à Saint-Brieuc pendant plus d'un an, précise Matthieu, mais cela n'a pas fonctionné. On n'était pas prêts. Cette fois, c'est différent". Ils y sont. Ils y restent. Comme quoi, la Cornouaille, ça vous gagne !