Ce mardi 30 janvier, à l’appel des organisations syndicales, une journée de grève est organisée dans tous les Ehpad de France. Comme dans de nombreux établissements, le personnel se plaint du manque chronique de temps pour traiter dignement les résidents.
Budgets insuffisants, sous-effectifs constants, augmentation de la dépendance, les difficultés de fonctionnement que rencontrent au quotidien les Ephad (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) ne datent pas d'hier.
Un manque criant de temps pour s'occuper des patients
La résidence Prat Maria à Quimper est un Ehpad sous la coupe de la fondation Massé Trévidy qui gère six établissements dans le Finistère. Au quotidien, ce sont 101 résidents dont doivent s'occuper la soixantaine de salariés : 33 sont accueillis dans une unité Alzheimer, 8 sont handicapés et 61 sont des personnes âgées dépendantes. La structure fait aussi appel à une vingtaine de CDD pour la prise en charge des patients.Pour Emilie Garbaye, aide-soignante dans cet établissement quimpérois, la frustration est régulière. Le sentiment de ne pas avoir passé suffisamment de temps avec les patients, de ne pas avoir pu réaliser une douche ou laver des dents est source constante de mal-être. Malgré des locaux et des équipements flambant neufs, Émilie se désole "de ne plus pouvoir faire des choses humaines".
Au sein de cet établissement, le constat est le même que dans la majorité des Ehpad de France. Le personnel court constamment après le temps, faute d'une main d'oeuvre suffisante. "Tout se fait à la chaîne, faute de temps" explique une salariée. Ces conditions de travail jouent sur la manière de traiter les résidents : "il arrive par exemple qu'on attende une demi-heure ou 3/4 d'heure après le repas avant qu'on puisse être ramenée dans notre chambre" raconte une résidente.
Des rassemblements dans toute la Bretagne
Les organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD) ainsi que l’association des directeurs d’établissements et de service à domicile, appellent le personnel des Ehpad à se mobiliser pour demander une augmentation des effectifs. Surtout, que la réforme engagée en 2017 prévoit d'aligner progressivement jusqu'en 2023, les dotations aux Ehpad publics et privés. Une réforme dont les syndicats craignent qu'elle se traduise par des suppressions massives de postes. Directeurs d'établissements et syndicat demandent de plus l'application d'un ratio d'un agent pour un résident, alors que la moyenne est actuellement de 0,6.À l'appel des syndicats, des manifestations et des rassemblements sont organisés dans une vingtaine de villes bretonnes dont Rennes, Vannes, Saint-Brieuc, Lamballe ou encore Quimper, où se tiendra à 15h, un rassemblement départemental place de la Résistance.
Une journée d'action alors que la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé, jeudi 25 janvier, le déblocage de 50 M€ supplémentaires pour les Ehpad en difficulté.