L'Ukraine et la Russie assurent 80 % de la production mondiale d'huile de tournesol. La guerre entre les deux pays oblige les industriels à se tourner vers d'autres oléagineux, faute d'approvisionnement. C'est le cas de Biscuil dans le Finistère. De son côté, Bret's, le fabricant breton de chips, annonce qu'il va limiter ses volumes de vente.
"C'est comme s'il n'y avait plus d'huile d'olive qui sortait d'Espagne". L'analogie du Pdg de Biscuil en dit long sur l'état d'esprit de cette entreprise familiale qui, dans son usine de Plounévézel, près de Carhaix, fabrique des huiles pour l'agro-alimentaire.
Eric Le Bras mesure déjà les incidences de la guerre en Ukraine sur l'importation de graines, huiles et tourteaux de tournesol, dont 80 % de la production mondiale est entre les mains de l'Ukraine et la Russie.
"Trous dans la raquette"
"On l'a vu venir, dit le dirigeant Finistérien. On a bifurqué en partie vers des produits de substitution comme le colza. On n'a pas le choix".
Il sait que la production française de tournesol ne suffira pas à combler "les trous dans la raquette" auxquels sa PME est confrontée aujourd'hui. "La France importe plus qu'elle ne produit, souligne-t-il. Elle ne va pas pouvoir couvrir tous les besoins des industriels".
La fédération française des producteurs d'oléagineux et de protéagineux (FOP) annonce, de son côté, que les surfaces consacrées à la culture du tournesol dans l'Hexagone vont augmenter en 2022. Elles passeraient de 700.000 hectares en 2021 à 800.000 cette année. "Cela compenserait pour partie la perte liée à l'arrêt de l'importation sur notre territoire d'huile et de tourteaux de tournesol en provenance d'Ukraine" indique la FOP dans un communiqué.
Dans une Ukraine en paix, la période de plantation du tournesol débuterait en ce moment, avec une récolte en septembre. "On sait qu'il y a des zones dans le pays où il n'y aura rien, constate Eric Le Bras. Les agriculteurs ont les semences dont ils ne peuvent rien faire. Ils ne vont quand même pas aller dans les champs en pleine guerre même si c'est aussi leur gagne-pain".
La chips bretonne va limiter ses volumes
Ce conflit, qui a poussé plus 5 millions d'Ukrainiens à l'exil depuis l'invasion russe, est également scruté par Bret's, le fabricant de la chips bretonne. "Je préfère rester dans le tournesol tant que je trouve du tournesol. C'est ma position du moment" explique Laurent Cavard, le patron de l'entreprise morbihannaise qui privilégie à 95 % la filière française dans la fabrication de ses chips.
Bret's n'utilise plus d'huile de palme depuis 2010 et n'a pas l'intention non plus de se tourner vers le colza ni de faire un mélange tournesol-colza. En revanche, Laurent Cavard prévient que les volumes de ventes vont être limités. "Il n'y aura pas de pénurie de chips mais on ne pourra pas fournir nos clients autant qu'avant".
Les tensions sur le marché du tournesol font aussi flamber les prix. "En 2021, j'achetais la tonne d'huile à 990 euros, note le Pdg de Bret's. Désormais, c'est du 3.000 euros". Et cette augmentation, le chipsier français entend forcément la répercuter sur son prix de vente à la grande distribution. Une hausse des tarifs est d'ores et déjà prévue début juillet.