"Le changement climatique rendra impossible la pratique sportive telle qu'on la connaît", ils courent 800 km pour imaginer un sport plus durable

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Ils sont partis du marathon pour tous des JO de Paris 2024, direction l'Ultra trail du Mont Blanc. En 16 jours, une traileuse élite et un athlète engagé vont parcourir les 800 kilomètres qui séparent ces deux énormes évènements. L'occasion de rencontrer celles et ceux qui depuis "le territoire" font bouger leurs clubs sportifs vers une transition écologique.

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Au téléphone, ils sont à peine essoufflés alors qu'ils courent depuis plusieurs heures déjà. Nicolas Vandenelsken et Julia Harnie se sont lancés le défi de rejoindre Chamonix depuis Paris en 16 jours à la seule force de leurs mollets. Une "éco-aventure" de plus de 800 km (avec une moyenne de 50 km par jour) pour tenter de sensibiliser les citoyens sportifs aux différents enjeux environnementaux.

Tout au long de leur parcours, ils vont à la rencontre des clubs sportifs et des élus. "On va les questionner sur les enjeux environnementaux et la pratique du sport en 2050, explique Nicolas Vandenelsken. Quelles sont les problématiques ? Quelles sont les solutions ? Qu'est-ce qui a déjà été mis en place ?" "On va essayer de comprendre un peu mieux quelles sont les aspirations et les freins à l'éco-engagement et du passage à l'acte dans le milieu sportif," continue la traileuse et entraîneuse sportive.

"Le changement climatique rendra la pratique du sport impossible"

Le défi "Sport 50" est lancé par l'Institut du sport durable. "Les rapports du GIEC et du WWF montrent que nous vivons un tournant sans précédent qui impacte d’ores et déjà la pratique du sport, avance l'Institut. Le changement climatique la rendra impossible telle qu’on la connaît aujourd'hui. Il faut donc questionner et repenser son modèle collectivement."

Repenser le modèle collectivement impose d'aller chercher les solutions "dans les territoires" pour nos deux coureurs. "On part d'un méga event, le marathon pour tous des JO de Paris 2024, pour aller à un autre, l'Ultra Trail du Mont Blanc," développe Nicolas Vandelelsken. Et entre les deux, ils vont voir concrètement ce qui se passe sur le terrain.

"Les solutions viendront des territoires pas de l'État"

Ils collectent des informations, des témoignages des acteurs locaux, élus ou sportifs. "Ces remontées de terrain sont essentielles. On croit aux territoires. Les solutions ne viendront pas uniquement de l'État. Les décisions nationales mettent du temps à descendre et les problématiques ne touchent pas forcément tous les territoires de la même manière."

"On a d'excellents retours. Le défi sportif les interpelle et ils ont envie de parler de ça. Ils ont conscience des défis qui nous attendent." C'est l'occasion pour beaucoup de montrer les initiatives qu'ils mettent en place. À leur échelle. Du covoiturage au tri sélectif. "Le plus gros enjeu, c'est la partie mobilité."

"J'utilise mes jambes pour interpeller"

Nicolas Vandenelsken travaillait dans le sport business avant d'être "saoulé" par ce milieu et par ses grands évènements sportifs à l'empreinte carbone catastrophique. "Le modèle des grands évènements sportifs est à revoir". Il se lance alors dans "un marathon pour le climat" en effectuant 110 marathons en 110 jours pour alerter sur l'urgence climatique. En 2023, il parcourt les 2100 km du GR34 en moins de 27 jours. Un record pour sensibiliser à la montée des eaux et à l'érosion des côtes. "J'utilise mes jambes pour interpeller."

Julia Harnie, elle est originaire de l'île Tudy dans le Finistère. C'est une traileuse niveau élite. L'année dernière, elle termine 8ᵉ de la diagonale des fous à la réunion. Un beau résultat qui ne l'empêche pas de s'interroger sur sa pratique et sur les trois allers-retours en deux ans pour préparer l'ultra-trail. "C'est la dernière fois que je vais aussi loin pour une compétition, raconte-t-elle. Je ne ferai plus de tel trajet pour un besoin perso qui dure de 30 à 40 heures."

"C'est la fête et le business du trail"

La Bretonne est attirée par le défi sportif que lui propose Nicolas. La démarche écologique finit de la séduire. "Je ne le ferais pas sans la cause qui va derrière, les deux sont liés." Tout comme l'Ultra Trail du Mont-Blanc (UTMB), "de base, j'hésitais à le faire". Julia comme Nicolas s'interrogent sur ces gros évènements. "C'est la fête du trail mais aussi le business du trail, explique ce dernier. Il faut aller sur ces événements où les gens (sur)consomment pour les interpeller et changer les paradigmes."

Ils vont donc courir la première course de l'UTMB "avec 800 bornes dans les pattes". Sur place, ils tiendront un stand pour sensibiliser des coureurs qui sont parfois coupés du monde par leur pratique sportive. "Les athlètes ne peuvent pas toujours s'engager comme ils le veulent, avance Julia Harnie. Certains sont contraints par des cadres, leur fédération ou encore leur sponsor et les marques. Ils ont un rôle et une responsabilité d'ambassadeur et c'est parfois difficile d'être vert dans la team."

Une équipe de Bretons pour les accompagner

Avec eux, Damien Guidec, un Morbihannais bénévole qui transporte sur un vélo-cargo tout le matériel et Jerome Habasque qui filme l'éco-aventure depuis son vélo. Il en fera un film de 26 minutes qui servira par la suite à organiser 50 ciné-débats pour à nouveau sensibiliser à ces enjeux environnementaux.

Arrivée prévue à la Mer de Glace le 25 août. Un nouveau défi les attend à ce moment-là. Convaincre les milliers de participants "de la course de trail running la plus mythique et la plus prestigieuse au monde", selon les termes des organisateurs, des effets pervers sur la nature d'un tel évènement qui se veut très… nature.

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