Gérald Darmanin fait trembler le monde de la culture en annonçant l'annulation ou le report de festivals durant les JO 2024, faute de forces de l'ordre disponibles. Réaction aux Vieilles Charrues et à la Route du Rock.
"Une annulation, c'est la mort du festival". Jérôme Tréhorel, directeur du festival des Vieilles Charrues a réagi ce jeudi 27 octobre aux propos de Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur évoquant reports ou annulations de grands événements, en raison des JO de Paris en 2024.
Parlant au Sénat d'une mobilisation massive des forces de l'ordre (45 000 policiers et gendarmes pour les JO 2024), Gérald Darmanin a prévenu mardi 25 octobre que des événements culturels ou sportifs seraient "annulés ou reportés" en raison de l'organisation des JO 2024, prévus du 26 juillet au 11 août, comme révélé par Le Figaro.
Stupeur partagée par François Floret, directeur de la Route du Rock à Saint-Malo : "Je tombe des nues. J'espère que c'est une maladresse de la part de Gérald Darmanin et qu'il y aura un rectificatif."
Ce n'est pas la première fois que la France organise des événements majeurs, ça n'a jamais paralysé toute la vie culturelle.
François FloretDirecteur de la Route du Rock
Et les propos de Gérald Darmanin ce jeudi 27 octobre sur France Inter "Ça ne veut pas dire que des choses ne peuvent pas se tenir (...) chacun peut faire un effort (...) j'en reparlerai avec la ministre de la Culture" distillent toujours le poison du doute dans la filière musicale.
"Ce n'est pas la première fois que la France organise des événements majeurs, poursuit François Floret, ça n'a jamais paralysé toute la vie culturelle."
Impossible de reporter les dates de festivals
La filière musicale réclame une concertation et rejette l'idée d'un changement de dates des festivals.
"On ne peut pas reporter, s'insurge Jérôme Tréhorel. On travaille déjà sur l'édition 2024, on a déjà des engagements (…). Les grands artistes internationaux construisent leurs tournées bien en amont par zones, Europe, Amérique du nord, Asie…"
Hors de question d'annuler bien évidemment. "Certains festivals seraient en danger, ne se remettraient pas d'une seconde saison blanche", explique Stéphane Krasniewski, vice-président en charge des festivals au SMA (Syndicat des musiques actuelles).
Les Vieilles Charrues, c'est six millions d'euros de création de richesse sur la Ville de Carhaix.
Jérôme TréhorelDirecteur des Vieilles Charrues
Les festivals, mais aussi les collectivités locales se trouveraient en danger. En 2022, les Vieilles Charrues ont rassemblé 300 000 spectateurs à Carhaix dans le Finistère. "Les Vieilles Charrues, c'est six millions d'euros de création de richesse sur la Ville de Carhaix", précise Jérôme Tréhorel.
Des festivals sans forces de l'ordre, c'est possible ?
Quant à organiser un événement culturel de l'ampleur des Vieilles Charrues ou de la Route du Rock sans forces de l'ordre, la balle est dans le camp de l'Etat.
"Est-ce que les préfectures donneraient l'autorisation ? s'interroge François Floret de la Route du Rock. Aujourd'hui, les forces de l'ordre surveillent la circulation et les stupéfiants autour du festival. Elles n'ont pas d'autres interventions."
Aux Vieilles Charrues, un ou deux escadrons sont présents mais n'interviennent que si un événement grave se déroule, comme l'explique Jérôme Tréhorel, patron du festival : "On est autonome sur l'organisation de l'accueil, de la sécurité et des secours à la personne. On embauche 750 agents de sûreté. Ce sont des sociétés privées avec des agents professionnels. Pour le festival, on a 250 secouristes et un hôpital de campagne avec une cinquantaine de médecins."
La semaine prochaine, le ministère de la Culture recevra les festivals les plus importants et les syndicats des différentes branches culturelles concernées.
Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, s'est, lui aussi, ému de la situation à travers un communiqué de presse ce vendredi 28 octobre : "Sachant que la sécurité ne peut se négocier, je demande une réunion pour trouver des solutions."
"Les festivals et grands événements culturels bretons ont connu le Covid, les dispositifs Vigipirate mais nous avons toujours fait en sorte que nos concitoyens puissent y assister. Ne leur portons pas un coup supplémentaire, n’abîmons pas ce qui nous rassemble", conclut le président de la Région Bretagne, terre si riche en festival.
