"Ne pas devenir une machine à transporter les malades". Pourquoi les taxis sont en colère contre la nouvelle convention de la sécurité sociale

Vous savez sans doute que lorsque vous êtes pris en charge par un taxi pour vous rendre à l'hôpital ou à un rendez-vous médical, ces courses sont payées par la Caisse primaire d'assurance maladie, selon des barèmes très précis. Sauf que ces derniers n'évoluent pas avec la nouvelle convention proposée par la CNAM. Pas question pour les artisans taxi qui craignent de perdre de l'argent, surtout les entreprises installées en milieu rural.

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Les entreprises de taxi sont en colère et le font savoir. Un peu partout en France, ils manifestent leur désaccord pour l'application de la nouvelle convention proposée par la Caisse nationale d'assurance maladie.

Cette convention est négociée tous les 5 ans entre les CPAM départementales [dépendantes en partie des directives de la CNAM, NDLR] et les taxis. Y sont étudiés les tarifs auxquels les patients sont remboursés et donc le prix des courses.

Des tarifs "pas acceptables"

Or, certaines de ces courses sanitaires ne sont pas revalorisées dans la nouvelle convention. Les courses dites "minimum", qui concernent les transports de moins de 5 km, sont payées actuellement selon un forfait plafonné : 13 euros pour le Morbihan et 11 euros pour le Finistère, que ce soit un jour de semaine ou un samedi ou un dimanche ou même la nuit.

Une non-revalorisation inadmissible pour Christophe Isaac. Cet artisan taxi a fait le déplacement ce lundi 22 janvier jusqu'à Quimper pour manifester avec des dizaines d'autres confrères devant la CPAM. "On est mis à mal depuis trois ans. On subit l'inflation du carburant, on a des véhicules qui coûtent de plus en plus cher" explique-t-il. 

11 euros, ce n'est même pas le tarif du SMIC

Christophe Isaac

Artisan taxi

Et d'expliquer pourquoi ces tarifs ne sont pas acceptables : "Quand on fait une course qui nous est payée 11 euros, c'est une personne que l'on va chercher chez elle, c'est une personne qui est dépendante de nous souvent. Il faut bien 1/4 d'heure pour l'installer dans le véhicule, détaille-t-il. Comptez le temps de l'emmener sur place. Puis la personne, il faut la descendre jusqu'au service de consultation. L'admission, les papiers, les bons de transport, c'est une demi-heure, plus le temps de la ramener. Donc 11 euros, ce n'est même pas le tarif du SMIC. Un taxi qui a un salarié, comment voulez-vous qu'il fasse ?"

La Fédération des artisans taxi du Finistère et du Morbihan demande que le forfait passe à 30 euros jusqu’à 14 km.

La CPAM ne regarde que le côté chiffre et pas le côté humain de la profession

Eric Baudic

Artisan taxi

Même son de cloche du côté d'Eric Baudic. Il est venu de Brest pour manifester à Quimper et dénoncer ces mesures qui ne prennent pas en compte l'aspect humain. Il ne veut pas devenir "une machine à transporter des malades" et regrette que "la CPAM ne regarde que le côté chiffre et pas le côté humain de la profession".

"On ne veut pas devenir des charters à patients" 

Or, comme le précise Eric Baudic, les courses conventionnées avec la CPAM représentent jusqu'à 90% de l'activité de certaines entreprises de taxi, celles les plus dépendantes étant les entreprises rurales.

Dans son cas, taxi de l'agglomération de Brest, cela représente déjà 65 % de son chiffre d'affaires. 65% de son activité qui pourrait donc être impactée par la nouvelle convention.

Les artisans taxi, même s'ils ne sont pas opposés aux courses simultanées [avec deux patients et une décote appliquée, NDLR], ne veulent pas "devenir des 'charters' à patients, en prenant plusieurs patients avec des pathologies différentes, parfois incompatibles humainement", ainsi que le laisse présager l'évolution des demandes de la CNAM.

Pour Samir Attieh, président de la Fédération nationale des artisans du taxi (FNAT) 56 et 29, la nouvelle convention pourrait avoir comme conséquence, "la perte de 5 à 6.000 euros par artisan taxi".

Préavis de grève

Avant les prochaines négociations prévues le 31 janvier à Brest, la CPAM tente de rassurer : même si les règles de remboursement ont été fixées au niveau national, la négociation et les discussions avec les taxis ne font que commencer.

D'ici-là, et depuis ce 22 janvier, à l'appel de la FNAT, les taxis sont invités à refuser les courses "minimum". Un préavis de grève a également été lancé ce mercredi 24 janvier, à partir de 7h, dans le Finistère et le Morbihan.

(Avec Sarra Ben Cherifa)

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