Le préfet du Finistère a décidé d’imposer des sanctions financières au producteur de fleurs Kaandorp, installé à Plomeur dans le Finistère-Sud. Cette société familiale hollandaise cultive des fleurs printanières à bulbe, tulipes, iris, narcisses et jacinthes et pompe illégalement de l’eau dans l’étang de Saint-Vio depuis plusieurs années.
Depuis le 8 octobre, le producteur de fleurs Kaandorp, installé à Plomeur dans les Finistère-Sud, doit verser 250 euros par jour à l'état. Il est en effet astreint à cette amende journalière "jusqu’au dépôt d’un dossier de déclaration complet et régulier". La décision du préfet fait suite à deux plaintes de Eau et Rivières de Bretagne et de Bretagne Vivante fin 2023 et début 2024, pour "non-respect de l’arrêté préfectoral et dégradation de zone humide".
Pompage dans une zone naturelle protégée
En clair, les deux associations estiment que le producteur de fleurs pompe illégalement de l'eau dans l'étang de Saint-Vio qui se trouve dans une zone humide protégée. La société, installée depuis 1980 dans le Finistère-sud, pompe chaque année entre 70 000 et 140 000 m³ d'eau, l'équivalent de 28 à 56 piscines olympiques, dans cet étang qui alimente le marais de Loc’h ar Stang, classé Natura 2000.
Un dossier vieux de 12 ans
En 2012, le Conservatoire du littoral, propriétaire de l’étang, avait sommé l’entreprise de déposer un dossier d’autorisation de prélèvement pour régulariser sa situation. Sans réponse. L’année suivante, le Conservatoire avait commandé une étude hydro-écologique qui dénonçait les dégâts provoqués par ce pompage sur le milieu naturel et préconisait l'arrêt du pompage. En mars 2023, le préfet du Finistère avait également mis en demeure l’EARL Kandorrp de déposer un dossier de demande de prélèvement. En vain.
En mars 2024, une violente altercation avait opposé une trentaine de manifestants écologistes et ce bubiculteur, qui avait indiqué être dans l'impasse. "Aujourd’hui pour trouver 100 000 m³ d’eau, c’est une retenue d’eau qu'il faut, moi financièrement, je ne peux pas la construire et même si je le fais, il y a tous les zadistes du coin qui vont débarquer pour s’assoir dedans" avait-il dit lors de cette manifestation houleuse.
Cette fois, l'entreprise, que l'on a tenté de joindre, en vain ce matin, a désormais deux choix pour que cessent les pénalités quotidiennes : réaliser une étude d’impact sur le milieu pour ensuite, déposer une demande de pompage ou arrêter de pomper l'eau de l'étang de Saint-Vio.