Les parents du petit Fañch, né à Rosporden (Finistère) le 11 mai 2017, vont finalement devoir renoncer au ñ. Ainsi en a décidé, ce mercredi, le procureur de la République de Quimper. Une décision qui met un terme à quatre mois de bataille et de mobilisation.
Le juge a tranché. Le bébé ne pourra pas porter son prénom avec un ñ. Pendant quatre mois, cette histoire de tilde est allée de rebondissement en rebondissement. Les parents ont appris la décision ce mercredi 13 septembre, par mail. Ils étudient désormais les modalités de recours. "On ne lâchera rien" a dit le père. Comme pressentie, la décision du tribunal renvoie à l'application de la langue française.
Fañch se retrouve au cœur du "reuz"
Quelques jours après la naissance du petit garçon, le 11 mai 2017 à Rosporden (Finistère), l'État civil de Quimper refuse de valider le prénom choisi par les parents; Fañch avec le n tilde. Une circulaire du 23 juillet 2014 relative à l'Etat civil et publiée au Journal Officiel liste en effet les signes diacritiques autorisés par l'administration française et le "ñ", présent dans l'alphabet espagnol, n'y figure pas.
Même si ce prénom breton tient à coeur les parents, Jean-Christophe et Lydia Bernard, tous deux originaires de la région, la mairie de Quimper leur demande à l'époque de trouver un autre prénom au petit garçon.
Le revirement de l'Etat civil
Mais sous la pression médiatique et de plusieurs élus régionaux, la ville de Quimper décide de contourner la fameuse circulaire et d'autoriser nonobstant le prénom. Elle cite notamment dans son communiqué la Cour européenne des Droits de l’Homme, qui affirme que "le choix du prénom revêt pour les parents un caractère intime et affectif et entre par conséquent dans la sphère de la vie privée". La ville ajoutait encore : "Il n’y a, à nos yeux, aucune raison, qu’elle soit juridique ou humaine, pour que Fañch soit privé du tilde qui orne son prénom. Ce n’est ni accessoire, ni anodin".
Sauf qu'en juillet dernier, le procureur de la République de Quimper convoque les parents.
Le Conseil culturel de Bretagne met le tilde sur le N
Depuis et en attendant la décision du tribunal, le Conseil culturel de Bretagne avait publié, début septembre, un rappel historique sur ce tilde polémique. L'instance y réfute l'argument utilisé par l'administration selon lequel "le ñ est considéré comme étranger". Il explique qu'au contraire "ce signe est utilisé depuis des siècles, en latin, en français, en gallo, en breton, en basque et n'est pas une exclusivité castillane". Et de conclure que "s'il a disparu aujourd’hui de l’écriture française standard, il fait quand même partie des gênes de la langue française et il continue de vivre dans les traditions écrites bretonnes, gallèses et basques, langues patrimoniales reconnues par la Constitution. Il serait sans doute simple de modifier la circulaire du 23 juillet 2014 relative à l’état civil."