Une étude portée par deux associations dénonce les teneurs élevées en mercure dans les boîtes de conserve de thon. "Personne dans la profession ne va jouer avec la sécurité des consommateurs", se défendent les conserveries. De Gonidec à Petit Navire, elles nous répondent et se veulent rassurantes.
"Vous verrez, dans 10 jours, les gens recommenceront à faire des quiches au thon." Si certaines se murent dans le silence, les conserveries bretonnes semblent plutôt confiantes face à l'enquête des associations Bloom et Foodwatch sur la teneur en mercure et méthylmercure du thon en boîte. Tout juste parle-t-on d'une "inquiétude chez les consommateurs", inquiétude qui devrait passer "au bout de quelques jours".
Du côté de la conserverie Gonidec à Concarneau dans le Sud Finistère, on ne se sent pas spécialement concerné par l'affaire. "On travaille essentiellement sur de la pêche locale avec des sardines, des maquereaux pour faire des tartinades, développe Jacques Gonidec, le directeur. On fait aussi du thon blanc frais en conserve, avec des analyses infimes en mercure."
"Personne ne joue avec la sécurité des consommateurs"
"Personne dans la profession ne va jouer sur la sécurité des consommateurs, plaide-t-il. Bloom reproche à la législation européenne de permettre aux thons d'avoir un taux plus élevé que d'autres poissons comme le cabillaud par exemple." En l'occurrence 1mg/kg au lieu des 0,3 mg/kg des autres espèces. "Mais en quoi 1mg de mercure, c'est dangereux ? Toutes les analyses montrent qu'il n'y a pas de danger."
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Sur les 148 boîtes de conserve sélectionnées aléatoirement dans cinq pays européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, France et Italie), "plus d'une boîte testée sur deux (57%) dépasse la limite maximale en mercure la plus stricte définie pour les poissons (0,3mg/kg)", affirme l'étude de l'ONG Bloom. En tout, ce sont 15 boîtes qui dépassent la teneur définie pour le thon frais d'1m/kg.
"Ils ne fournissent que des documents à charge. "
"Bloom souhaite la mort de la pêche thonière, tranche Jacques Gonidec. Ils font le procès des boîtes de thon sans préciser de qui on parle, c'est absurde. Ils ne fournissent que des documents à charge. Quelles boîtes sont concernées ?"
Dans l'étude seule la marque Petit Navire est citée. "Une boîte achetée dans un Carrefour City parisien affiche une teneur record de 3,9mg/kg, précise Bloom. C'est presque 4 fois la teneur maximale du thon frais et 13 fois celle des espèces soumises à la norme la plus restrictive de 0,3mg/kg."
"La sécurité de nos consommateurs est une priorité absolue"
L'entreprise basée à Douarnenez s'est défendue dans un communiqué de presse, indiquant que "la consommation de produits Petit Navire est parfaitement sûre pour les consommateurs. La sécurité et le bien-être de nos consommateurs sont une priorité absolue." Elle précise que tous leurs produits sont conformes aux réglementations françaises et européennes en vigueur.
"Nous réalisons tous les mois, des tests sur nos espèces de thon dans nos différentes zones d’approvisionnement pour vérifier la conformité des poissons que nous achetons et garantir la sécurité de nos produits. Ces contrôles sont réalisé par ou avec le support de laboratoires indépendants et accrédités par les autorités sanitaires françaises et européennes."
"Au cours des trois dernières années, nous avons réalisés 270 contrôles. Les résultats sont en moyenne compris entre 0,2 et 0,3 mg/kg, soit 70 à 80 % de moins que la limite autorisée."
Petit NavireConserverie
Quid de cette boîte de conserve avec un taux de 3,9mg/kg ? Dans la profession comme chez Petit Navire, le résultat "étonne".
Selon le professeur André Cicolella, toxicologue et chercheur en santé environnementale, interviewé par Bloom dans une vidéo faisant la promotion de leur enquête, "le méthylmercure impacte le développement du cerveau." Il peut provoquer des troubles du comportement, une baisse du QI ou des troubles de déficit et de l'attention. "Cela vient des changements de l'environnement et le mercure en fait partie avec d'autres perturbateurs endocriniens." Les femmes enceintes et les jeunes enfants sont des populations particulièrement à risque.