En 2000, quand l'Ifremer observait la biomasse des poissons, 18 % des espèces étaient en bon état ou leur stock était considéré comme reconstituable. En 2022, c'était le cas de 56 % de la biomasse. Une nette progression. Mais la surpêche concerne encore 20% des poissons débarqués alors que les objectifs européens imposaient d'atteindre 100% de pêche durable en 2020.
En 2022, 56% des 347.000 tonnes de poissons débarqués en France provenaient de populations exploitées durablement, un chiffre en légère amélioration par rapport à 2021 (54% de pêche durable). Presque la moitié des espèces pêchées ont des populations "en bon état", 49%, se félicite l'Ifremer qui tenait ce lundi 12 février une conférence de presse sur le sujet.
20 % des espèces surexploitées
En revanche, 20% des débarquements sont issus de populations de poissons surexploitées et 2% de populations effondrées, comme le merlu de Méditerranée ou le lieu jaune de Manche et Mer du Nord.
Le reste (22% des volumes) est issu de stocks non classifiés ou non évalués, faute de données suffisantes.
La situation est particulièrement mauvaise en mer Méditerranée, où seules 36,5% des 18.000 tonnes de poissons débarqués sont pêchées durablement.
À l’inverse, la mer du Nord et l'est de la Manche affichent les meilleures performances, avec plus de 63% des volumes de produits de la mer provenant de populations en bon état, grâce aux bonnes ressources de harengs et de coquilles Saint-Jacques.
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Dans l’ouest de la Manche et en mer Celtique, la part des volumes de poissons débarqués issus de populations en bon état augmente lentement depuis 2010, pour atteindre 50% en 2022.
Dégradation dans le golfe de Gascogne
"Dans le golfe de Gascogne, sur les 77 000 tonnes de poissons débarqués, la part du volume de poissons issus de populations en bon état est globalement en baisse depuis plus de dix ans. Elle est passée de 44 % en 2010 à moins de 37 % en 2022 (36 % en 2021). En bon état, la population de merlu européen est la plus exploitée en termes de volume, devant celle de sardine qui est surpêchée et dégradée" décrit Ifremer.
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Les volumes de poissons exploités durablement, qui étaient de 18% en 2000, dépassent les 50% depuis 2017 dans l'Hexagone.
Loin de l’objectif européen
Cela reste cependant encore loin de l'objectif européen fixé dans le cadre de la Politique Commune de la Pêche, qui est d'atteindre 100% de populations pêchées au "rendement maximum durable" (RMD). Le RMD désigne la quantité maximum de poissons que l'on peut pêcher sans mettre en péril le renouvellement de la ressource sur le long terme.
Même lorsqu'elles sont exploitées au RMD, de nombreuses populations de poissons "restent fragiles", "car leur maintien dépend d'une bonne reproduction chaque année", souligne d'ailleurs l'Ifremer.
"Pour que la pêche soit durable, il faudrait non seulement atteindre l'objectif de 100% des populations de poissons en bon état mais aussi s'y maintenir sur le long terme", estime Clara Ulrich, coordinatrice des expertises halieutiques à l'Ifremer.
"Pour cela, il faut considérer et mieux comprendre les facteurs qui influencent le développement des oeufs et des larves de poissons, en particulier avec le changement climatique", souligne la chercheuse.
Car "un mauvais recrutement sur une année peut suffire à causer une diminution importante de la biomasse les années suivantes", pointe-t-elle.
(Avec AFP)