Pour célébrer cet anniversaire, la plus ancienne conserverie de sardines au monde encore en activité organise cette semaine des visites ouvertes aux familles des salariés. L'entreprise fait travailler 600 personnes à l'année et jusqu'à 900 l'été, pour mettre en boite, sardines, thon et maquereaux.
Depuis 1853, la conserverie Chancerelle met en boîte les sardines à la main, car le petit poisson est fragile et mérite beaucoup d'attention. Une fois lavé puis séché, il est étripé, étêté et mis en boîte. C'est ce travail précis qu'Anne-Marie Cosquer, récemment retraitée, est venue montrer à ses petits enfants : "Donc tu vois, il faut toujours enlever un petit bout là, et un petit bout ici. Faut que ça fasse la longueur de la boîte aussi", explique-t-elle.
Embellir le produit
Un savoir-faire qui vaut à Chancerelle d'être labellisée Entreprise du patrimoine vivant depuis 2019. "Il y a des choses que les machines ne sont pas en capacité de faire aujourd'hui. On souhaite embellir le produit. On fait des produits Premium, donc l'expertise des personnes qui sont sur les lignes de production est très importante", confirme Julie Galauziaux, responsable de l'usine de sardines.
Il y a des choses que les machines ne sont pas en capacité de faire aujourd'hui. On souhaite embellir le produit. On fait des produits Premium, donc l'expertise des personnes qui sont sur les lignes de production est très importante.
Julie Galauziaux, responsable de l'usine de sardines
Détenue à 100% par la famille Chancerelle depuis six générations, la conserverie douarneniste s'est positionnée sur le haut de gamme. Avec près de 200 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, elle fait mieux que résister.
Une filiale marocaine
Ici, on transforme du poisson local frais en saison et congelé le reste de l'année, mais l'entreprise doit aussi sa place de leader à sa filiale marocaine : "L'acquisition progressive de cette filiale à Agadir a favorisé le développement de l'emploi sur Douarnenez parce que ça nous a apporté des variétés de sardines que l'on ne trouve pas en Bretagne, notamment des sardines beaucoup plus grosses et plus grasses qui nous permettent de faire certaines spécialités", précise Jean Mauviel, directeur général de la maison Chancerelle.
Investir pour moderniser
Entre tradition et modernité, Chancerelle investit près de 5 millions d'euros par an pour moderniser les postes de travail et développer la robotisation, notamment au conditionnement. Un contraste saisissant pour les visiteurs qui ne regarderont plus leur boite de sardine de la même façon : "On ne se rend pas compte de tout le travail qui est fait en amont. C'est une entreprise moderne mais qui a su garder en héritage un côté historique", fait remarquer Anne-Marie, l'une des visiteuses.
Travailleurs en situation de handicap
145 millions de boites sont vendues chaque année par Chancerelle et par sa filiale d'Agadir. Depuis février 2021, l'entreprise se distingue aussi par l'intégration sur les lignes de production de travailleurs en situation de handicap. Ces usagers de l'association Kan Ar Mor ESAT (Etablissement et service d'aide pour le travail) ont appris le métier. "Les cadences et les postes ont été adaptés, explique Sophie, monitrice d'atelier, avec 1.200 boîtes à l'heure contre 2.400 en moyenne. Leur production n'entre pas dans le comptage de la performance quotidienne de l'usine, mais il y a cependant des objectifs de production".
L'expérimentation aux retours très positifs a amené la conserverie Chancerelle à reconduire ce partenariat en 2023.
Laurence Postic avec Claire Louet