Le préfet du Finistère, Pascal Lelarge, "est prêt" à rencontrer les organisateurs de la rave-party à Commana après avoir demandé dimanche l'intervention des gendarmes, a assuré son cabinet pour qui "la porte est ouverte". Les riverains eux se sentent peu entendus alors que le phénomène s'amplifie.
"Le préfet est prêt à rencontrer les organisateurs afin de discuter d'un modus operandi pour réaliser à l'avenir les choses de façon cadrée", a déclaré à l'AFP Jean-Daniel Montet-Jourdran, le directeur de cabinet du préfet du Finistère."Nous ne pouvons tolérer ce genre de rassemblement, sans autorisation. Il y a les nuisances sonores, mais l'aspect le plus préoccupant, c'est la sécurité. Un signal a été envoyé, mais à présent la porte est ouverte," a-t-il poursuivi. Les gendarmes sont intervenus dimanche sur un terrain de Commana pour saisir le matériel sonore de cette rave-party, laissant les 4.000 "teufeurs" bretons sous le choc, eux qui s'étaient habitués depuis des années à la bienveillance des autorités.
Des teufeurs surpris par les moyens déployés
Ce sont des voisins mécontents qui dans la nuit ont alerté les autorités de ce rassemblement autour de la musique techno. La free-party n'avait été autorisée ni par la mairie, ni par la préfecture. Or un tel feu vert est indispensable pour tout rassemblement de plus de 500 personnes. Quelque 70 gendarmes ont été mobilisés par le préfet, qui a pris ses fonctions il y a tout juste deux mois, pour cette opération. Alors que le son était coupé depuis 15H00, une quarantaine d'entre eux sont intervenus vers 16H30 pour saisir les amplis, faisant usage de gaz lacrymogènes. En outre, un hélicoptère a survolé la zone afin de pouvoir identifier les organisateurs et certaines immatriculations et lancer d'éventuelles poursuites judiciaires."On assume totalement le fait qu'on ait dépassé le nombre de personnes, et s'il y a des poursuites, on assume les conséquences", avait réagi auprès de l'AFP un des membres de l'organisation, mais "pourquoi ce déferlement de violence", s'était-il interrogé, visiblement stupéfait. "D'habitude, ça se passe très bien dans notre département", avait-il raconté. Quelques teufeurs étaient toujours présents lundi matin sur le site, selon la préfecture.
Des riverains fatigués qui déposent plainte
Une jeune femme d'une trentaine d'années et habitant à 8 kilomètres des lieux nous a contacté estimant que la voix des riverains était finalement très peu entendue, et comprise. Elle dénonce avec d'autres habitants, la fréquence de ces fêtes "cet été c'était toutes les deux semaines, pas forcément dans les mêmes proportions mais avec les mêmes nuisances."Elle souligne aussi les nuisances sonores qui empêchent de dormir et occasionnent du stress, environnementales car ces raves ont lieu sur des zones protégées, et le problème des déchets. Samedi à Commana, elle s'est rendue sur place et n'a pu que constater la présence de canettes le long de la route. Plusieurs habitants souhaitent que ces raves soient davantage encadrées et que dans le cas où elles ne sont pas autorisées, les forces de l'ordre interviennent immédiatement. L'argument "culture" mis en avant par les teufeurs ne la convainc pas : "Pour nous si la culture c'est d'aller se balader ou de lire un livre au calme, on ne peut pas..." Avec d'autres riverains ce week-end, elle a porté plainte pour "trouble à la tranquilité d'autrui par agression sonore".