SANTÉ. Grève au CHU de Brest, Plan blanc à Morlaix... Les urgences hospitalières sous très fortes tensions

Grève illimitée du personnel médical du service des urgences du CHU de Brest et de l'hôpital de Carhaix pour manque de médecins, Plan blanc déclenché à l'hôpital de Morlaix face à l'afflux de patients, saturation des urgences du centre hospitalier de Quimper avec une réunion de crise mardi prochain côté médecins... Dans le Finistère, le système hospitalier public subit une très forte tension. Les personnels lancent un cri d'alarme.

Depuis ce mardi 7 novembre à 8h et pour une durée illimitée, les urgences du CHU de Brest et de l'hôpital de Carhaix sont en grève illimitée. Dans le cadre de ce préavis, les personnels médicaux indiquent refuser "d'effectuer un temps de travail de plus de 48 heures par semaine."

Pénurie de médecins urgentistes 

Dans un communiqué, la direction du centre hospitalier de Brest précise que "comme de nombreux établissements hospitaliers, le CHU fait face à une pénurie de médecins urgentistes.

Concrètement, 13 ETP (équivalent temps plein) font défaut sur une équipe de 54 ETP au service des urgences. "Une période de plus en plus compliquée" indique la direction, "engendrant pour ceux qui restent la nécessité de réaliser des heures supplémentaires pour assurer la continuité des activités."

Conséquence : une priorisation des activités a été mise en place. Toutes les interventions non urgentes ont été déprogrammées. La direction du CHU de Brest indique encore que "les négociations sont engagées afin de trouver des solutions à court terme et de manière pérenne pour soulager la pression sur l’équipe des urgences, fluidifier l’aval dans les services d’hospitalisation, favoriser les admissions directes sans passage par les urgences dans les services d’hospitalisation, améliorer l’articulation entre les sites hospitaliers et la médecine de ville".

Hier, il y avait huit heures d'attente alors nous sommes repartis

Mari d'une patiente

Selon les journalistes de France 3 Bretagne qui se sont rendus sur place, les patients rencontrés sont "outrés". Un homme, venu ce 7 novembre en soirée au CHU de Brest avec son épouse qui souffre d'un mal de dos, a préféré battre en retraite. "On nous a dit qu'il y avait huit heures d'attente. Avec un mal de dos, attendre huit heures sur des sièges, c''était pas possible alors on est repartis puis revenus ce matin" raconte-t-il. Il parle également "d'une personne avec le doigt tranché qui attendait depuis 5 heures d'être prise en charge. C'est affolant, dit-il. Ça dure depuis des années et personne ne fait rien."

De son côté, Marie-Françoise Patinec, secrétaire de la CFDT à l'hôpital de Brest dit "avoir très peu d'informations de la part des médecins car les syndicats ne gèrent que le personnel paramédical. On sait bien qu'il manque des urgentistes, observe-t-elle. Ils sont dans la même situation que les anesthésistes il y a quelques semaines qui ont refusé de faire des heures supplémentaires."

Plan blanc déclenché à l'hôpital de Morlaix

Ce 7 novembre, l'hôpital de Morlaix a dû, lui, déclencher son "Plan Blanc". En cause : la saturation du service des urgences.

Catherine Lemoine, cheffe du service des urgences de Morlaix depuis dix ans, indique que "ce Plan blanc ne sera pas levé au moins jusqu'à vendredi soir 10 novembre car nous n'avons pas assez de moyens humains ni de lits par rapport à nos besoins. Pourtant, ajoute-t-elle, nous avons une particularité à Morlaix. Nous avons des effectifs au complet. Soit 13,2 ETP (équivalents temps plein pour 13,6. Seulement voilà, notre activité a grimpé de 30% en 15 ans."

Dans ce service d'urgences, le flux de patients ne s'interromps pas. Selon Frédéric Gaillard, responsable de la communication de l'hôpital, "le pic s'explique par plusieurs phénomènes. Avec la tempête Ciaran, on a eu des chutes au sol de personnes âgées et des personnes privées d'électricité qui subissent le froid". Cet hôpital doit aussi gérer la régulation des urgences des hôpitaux de Guingamp et Lannion.

Pour la cheffe des urgences de l'hôpital de Morlaix, "il faut absolument que l'agence régionale de santé de Bretagne adapte les moyens aux besoins. J'ai demandé 3 ETP de personnel médical supplémentaire" précise-t-elle.

Nous avons transmis à la direction cet après-midi un préavis de grève des médecins urgentiste de l'hôpital. Il entrera en vigueur le 15 novembre prochain

Docteur Catherine Lemoine

Cheffe du service des urgences Hôpital de Morlaix

Pour mettre la pression sur la direction de l'hôpital et l'ARS, les médecins syndiqués au SAMU Urgences de France ont déposé ce 8 novembre un préavis de grève. Il entrera en vigueur le mercredi 15 novembre. Ce mouvement vise à réclamer des moyens notamment humains. "Hier encore, nous avions 57 patients sur le plateau des urgences avec énormément de personnes âgées qu'on ne peut pas renvoyer" confie Catherine Lemoine.

Des urgences saturées à l'hôpital de Quimper

À Quimper, le service des urgences est lui aussi complètement débordé. Avec un afflux particulièrement important lié à l'augmentation des patients atteints de pathologies hivernales ou de COVID-19 et aux conséquences de la tempête. "Les équipes ont dû gérer 33 patients en attente aux urgences sans aucune solution. Il n'y avait pas de lits disponibles dans les autres services. Il a fallu appeler d'urgence l'administrateur de garde" confie Pascale Jacques, déléguée syndicale Sud-Santé à l'hôpital de Quimper.

Il y a dix ans, on aurait fait des levées de boucliers face aux dégradations énormes que l'on supporte aujourd'hui. Les gens sont épuisés et ont moins à coeur de réagir

Docteur Guillaume Mazetier

Médecin urgentiste Hôpital de Quimper

De son côté, le docteur Guillaume Mazetier, médecin urgentiste à l'hôpital de Quimper, constate que "les urgences vivent des crises de plus en plus fréquentes et de plus en plus profondes. Les gens sont épuisées. En dix ans, on a connu des dégradations énormes."

Ce praticien de 37 ans raconte le week end dernier. "Face à l'afflux, le Plan blanc a été déclenché le dimanche et levé immédiatement après, le lundi, par volonté de régler vite les choses pour ne pas faire de vagues."

Pour cet urgentiste, il faudrait plus de médecins, d'infirmières, d'aides-soignants et aussi de lits d'aval. "La population n'a pas d'autre recours que les urgences car il y a aussi moins de médecins généralistes" remarque-t-il. Je pense qu'il faut informer davantage la population. C'est à la population de s'indigner." 

Face aux difficultés actuelles, une réunion de crise va se tenir le mardi 14 novembre entre médecins urgentistes. "Une réunion pour monter au créneau" conclut le médecin quimpérois.

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