A Douarnenez, dans le Finistère, ce sera un duel gauche-droite pour ce second tour des municipales. Hugues Tupin, arrivé en tête avec 43,95 % des voix, sera face à Jocelyne Poitevin qui, elle, a recueilli 33,17 % des suffrages. Ils étaient invités à débattre sur France 3 Bretagne.
La fusion entre la liste droite et centre de Jocelyne Poitevin et celle du maire sortant divers droite Fançois Cadic (22,87 %), arrivée en troisième position au soir du premier tour des municipales à Douarnenez, n'a pas abouti. Ce dernier a donc préféré se retirer pour le second tour pour, a-t-il expliqué, "faire barrage à la gauche". Une gauche unie emmenée par Hugues Tupin qui a pris la tête de cette élection le 15 mars.
Si, dans l'esprit du maire sortant, faire alliance avec Jocelyne Poitevin semblait aller de soi, celle-ci rappelle, dès les premières minutes du débat, que "c'était impossible. Avec mes co-listiers, nous travaillons à un projet depuis l'automne. Dire à dix d'entre eux 'rentrez à la maison' pour faire de la place à François Cadic, je ne pouvais pas".
De son côté, Hugues Tupin a moyennement apprécié que sa liste soit qualifiée "d'extrême gauche" par le maire sortant. "C'est d'abord une liste citoyenne, avec des gens engagés à gauche".
Deux visions de la mobilité en ville
Pour Hugues Tupin, la mobilité est une mesure prioritaire dans une ville "très fragmentée géographiquement". Une basse, une ville haute. Alors le candidat de la gauche imagine un ascenseur pour relier le Port Rhu au centre-ville. "Pour vaincre ce dénivelé important, dit-il, qui empêche les personnes à mobilité réduite de cheminer".
De même souhaite-t-il la gratuité des transports en commun. Reste à savoir comment financer ce projet. "C'est déjà financé, affirme-t-il. On a renégocié cette année le contrat de délégation de service public qui a permis de faire une économie qui couvrira les recettes de la billetterie".
Jocelyne Poitevin ne l'entend pas de cette oreille et lance : "moi je veux bien mais il y aura toujours quelqu'un qui paiera !".
Passe d'armes entre les deux candidats sur le financement de cette mesure. "Je viens de vous expliquer que cela ne coûterait rien" s'énerve Hugues Tupin. "Et moi je vous dis que payer son ticket de bus, même à un tarif adapté, c'est aussi participer à l'effort que les autres contribuables font pour le développement de la ville" réplique Jocelyne Poitevin qui, elle, a une tout autre vision de la mobilité : "ce que je veux développer, ce sont des parkings au plus près des commerces". Et donc privilégier l'utilisation de la voiture. "Une aberration" soupire son adversaire qui plaide pour une valorisation du transport en commun et des mobilités douces.
Réhabilitation du port du Rosmeur
C'est un projet phare de celle qui fut maire de Douarnenez de 1997 à 2001. Jocelyne Poitevin veut redonner un coup de fouet aux bâtiments abandonnés et qui forment aujourd'hui une friche industrielle, pour y "accueillir des activités novatrices liées à la mer". "La ville s'est construite à partir de ce port, grâce à l'activité portuaire qui a amené l'implantation d'usines de conserves. Mais la mutation économique est passé par-là. Le port a évolué en port de débarquement. Il y a des bâtiments en déshérance qu'il faut rénover".
Hugues Tupin parle "de dossier important car c'est toute l'activité portuaire qui est en jeu". Lui, il aimerait y voir fleurir "du cabotage bas carbone à la voile" pour faire du port du Rosmeur "le seul port breton susceptible de pouvoir débarquer des produits bio extra-européens".
Et le logement ?
Concilier une faible offre locative à l'année avec les locations saisonnières... un sujet sur lequel les deux candidats s'opposent également. Jocelyne Poitevin explique que "crier haro sur le locatif saisonnier touristique, ça n'a pas lieu d'être". Hugues Tupin n'est pas de cet avis. "Le parc public est saturé et le parc privé est dépossédé de son offre locative à l'année par les locations saisonnières. C'est une réalité à Douarnenez".
Réhabiliter les logements au centre-ville, un point sur lequel ils sont d'accord.
Algues vertes sur la plage du ris
Là encore, deux candidats, deux analyses. Le candidat de gauche pointe du doigt l'agriculture intensive. "On a mis de l'argent dans des études et des analyses alors que l'on connait très bien les causes de ces marées vertes". La candidate de droite rétorque qu'il y a aussi "des habitats en bordure des rivières qui ne sont pas aux normes sanitaires. Alors stigmatiser l'agriculture comme vous le faites, ce n'est pas la solution". "Aucune stigmatisation, mais une réalité, répond Hugues Tupin. Si vous vous intéressiez au sujet, vous sauriez que ces pollutions sont identifiées depuis longtemps et qu'on en connaît l'origine".