Yoann Barbereau, qui a été condamné en 2015 à 15 ans de prison en Russie pour pédocriminalité mais avait réussit à fuir le pays, vient d'obtenir une victoire juridique: la Cour européenne des droits de l'Homme vient de condamner la Russie pour ne pas lui avoir permis de faire appel.
Il a vécu l'enfer en Russie: le 11 février 2015, alors qu'il est le responsable de l'Alliance française à Irkoutsk, en Sibérie, Yoann Barbereau est arrêté par la police devant sa femme et sa fille, alors âgée de 5 ans. Il est jeté en prison, où il passera 71 jours avant d'être interné en hôpital psychiatrique, puis placé en résidence surveillée. Il prend la fuite et trouve refuge à l'ambassade de France à Moscou. En décembre 2016, alors qu'il se trouve toujours à l'ambassade, un tribunal le condamne par contumace à 15 ans de camp à régime sévère. En novembre 2017, il parvient à traverser clandestinement à pied la frontière russo-estonienne et rejoint sa famille en France, après un périple de plus de 4000 km à travers l'Europe.
Les accusations de pédocriminalité, il les nie en bloc. Pour lui, il s'agit d'un dossier monté de toute pièce par le FSB, successeur du KGB. A Douarnenez, où ce Nantais d'origine réside désormais, il savoure la décision de la Cour européenne des droits de l'Homme, qui a condamné la Russie pour ne pas lui avoir accordé de procès en appel. Mais cela reste une victoire en demi-teinte: "c'est un symbole fort, la Cour reconnaît la violation de mes droits. Mais ce qu'elle ne dit pas, c'est les tortures subies en prison, c'est le coup monté par la police et la justice locales, ce que moi j'appelle un système mafieux."
Une nouvelle victoire juridique
C'est la deuxième victoire juridique remportée par Yoann Barbereau: le 3 avril 2020, le tribunal administratif avait condamné l’Etat à verser à Yoann Barbereau la somme de 300.315,03 euros, dont 200.000 au seul titre du préjudice moral, pour ne pas avoir protégé un de ses fonctionnaires. Les juges administratifs lui avaient accordé cette réparation notamment au titre des "atteintes à son intégrité corporelle et psychologique lors de sa détention en Russie puis de son internement d’office en hôpital psychiatrique", ainsi qu’aux "atteintes à ses droits fondamentaux."
En août 2018, Interpol avait retiré sa notice rouge concernant Yoann Barbereau. L'organisation internationale de police criminelle avait supprimé sa fiche de recherche, soulignant le "caractère politique" du dossier judiciaire russe à l'encontre du Français.
Malgré toutes ces victoires, Yoann Barbereau n'envisage pas de se rendre en Russie pour bénéficier d'un procès en appel.
"Tant que le régime est ce qu'il est en Russie, il n'y aura pas de révision. Nous sommes allés au bout de ce qui était possible juridiquement aujourd'hui. Un jour peut-être, dans d'autres circonstances, dans un autre monde, le procès pourra être révisé, et alors je pourrai retourner en Russie, ce qui serait ma plus grande joie."
Son expérience, qu'il a racontée dans un livre, intitulé 'Dans les geôles de Sibérie', a forcément changé son regard sur ce pays qu'il continue d'aimer et qu'il explore désormais uniquement à travers la littérature.