Les fournisseurs des bars-restaurants frappés de plein fouet par le confinement, l'exemple du breton Cozigou

Depuis le reconfinement et la fermeture des bars-restaurants, c'est toute une filière qui souffre. Notamment, une entreprise familiale bretonne spécialisée dans la distribution de boissons dont le siège est à Plouisy. Du jour au lendemain, tout s'est arrêté, sans perspective pour l'instant.

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"En général, la cour est pleine de 5.000 fûts vides, là y'a plus rien". A Plouisy, dans les Côtes-d'Armor, un des onze sites logistiques de son entreprise de distribution de boissons, Hervé Cozigou semble désemparé par un décor presque irréel. A l'exterieur. Comme à l'intérieur de l'entrepôt où, au contraire, les stocks s'accumulent. Les rangées regorgent de fûts de bière pleins, de cartons de bouteilles d'eau, de sodas, de vins.


 



L'activité presque totalement à l'arrêt


Outre la valeur financière de la marchandise immobilisée, ce qui inquiète le directeur général de Cozigou, ce sont les dates limites d'utilisation optimale, pour la bière notamment. Une fois dépassées, la qualité du produit est dégradée. Il faudra donc négocier avec les fournisseurs, avec des problèmes financiers à la clé.

La visite se poursuit, au fond du bâtiment. Dans le parking, la quinzaine de camions aux couleurs de l'entreprise est à l'arrêt, les uns derrière les autres. Les chauffeurs sont au chômage partiel. 
"D'habitude, nous avons quinze tournées par jour, mais là nous n'avons personne à livrer, à part les hôpitaux et les Ehpad. Nous avons perdu 98% de notre chiffre d'affaires sur le mois."

 


Un manque à gagner énorme et les craintes pour l'avenir


En quelques chiffres, un mois d'arrêt d'activité, faute de pouvoir fournir les 7.000 bars et restaurants clients,  c'est un million de litres de bière, 2 millions de bouteilles de vins, de soda et d'eau et 50 tonnes de café non vendus.

 
 
 

Effet domino



Un gros coup dur pour cette entreprise familiale née en 1960. A l'époque, c'est le grand père Raymond qui s'était lancé à bord d'une simple camionnette dans la distribution de boissons. 60 ans après, avec désormais 500 salariés et une activité qui dépasse les frontières de la Bretagne, la troisième génération maintenant aux commandes s'inquiète pour l'avenir. Sur l'année, c'est 40 à 45% du chiffres d'affaires qui sera perdu. Antoine Cozigou, un des fils d'Hervé, président de l'entreprise, prévoit un effet domino. 

"On craint une vraie défaillance de la filière professionnelle de la restauration. Cette défaillance se fera dans la durée car en réalité, il y a aura plusieurs vagues de tsunami liées au Covid qui vont arriver. A un moment ou à un autre, il va falloir rembourser l'ensemble des prêts octroyés. Il y a des clients qui malheureusement, ne pourront pas. Et du coup, ça va avoir un impact sur toute la filière que ce soit pour la distribution comme nous, mais également pour les industriels et les producteurs bretons." affirme le jeune chef d'entreprise.

 


Les députés LREM sollicités pour soutenir la filière


Ce dont souffre son entreprise, c'est surtout d'un manque de visibilité. Quand les bars et restaurants pourront-ils rouvrir ? Depuis la conférence de presse du Premier Ministre le 12 novembre, aucune date n'a été clairement établie. Antoine Cozigou, très pessimiste, n'imagine pas de réouverture avant janvier. Il part même du principe qu'il ne fera pas de chiffres d'ici la fin de l'année.

"Nous sommes dans une situation délicate car nous ne sommes pas fermés administrativement donc nous ne sommes pas vraiment pris en compte dans les mesures de soutien. Mais ce qui est sûr, c'est que la filière sera parmi les plus impactées de toutes."
Son souhait: obtenir une prolongation des exonérations de charges et du chômage partiel en 2021, mais aussi un décalage des remboursements des prêts garantis par l'Etat et leur étalement sur dix ans. 

Pour être soutenu dans cette requête, les députés bretons de la majorité ont été sollicités. Yannick Kerlogot, député de la circonscription de Guingamp, a pris la tête de cette discussion pour la porter auprès du ministre de l'Economie. Une lettre doit partir ce vendredi 13 novembre. De son côté Annaïg Le Meur, députée de Quimper, demande la mise en place d'un table ronde d'ici quelques jours avec les représentants de la filière.


 


 
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