Hamon, le "petit Benoît" qui a déjoué tous les pronostics

Longtemps surnommé "petit Ben" ou "petit Benoît" par les éléphants PS, Benoît Hamon a réussi à déjouer tous les pronostics pour rafler l'investiture de son camp à l'élection présidentielle, en portant un programme de "gauche totale" et innovant.

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"Rien n'est plus puissant qu'une idée dont l'heure est arrivée. Et notre heure est arrivée", clamait-il il y a deux semaines devant 3 000 personnes à Paris, paraphrasant Victor Hugo, un de ses auteurs fétiches.

A 49 ans, Benoît Hamon a reçu la lourde tâche d'incarner les espoirs du PS à la présidentielle, une forme de consécration pour celui qui ne fut longtemps considéré que comme un manoeuvrier hors pair chez les jeunes socialistes, quintessence de l'apparatchik mais pas vraiment taillé pour les hautes fonctions de l'Etat.

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Candidat du "futur désirable"

"Les gens qui ont travaillé avec lui ont toujours eu tendance à le sous-estimer", soulignait récemment son ami de longue date et porte-parole Régis Juanico. Une image que ce Breton revendiqué, né d'un père ouvrier devenu ingénieur aux Arsenaux de Brest et d'une mère secrétaire, gomme peu à peu, après des passages au ministère de l'Economie sociale et solidaire (2012-2014) puis, de manière éphémère à l'Education (avril-août 2014).

Jusqu'à recevoir le soutien de Martine Aubry, qui l'avait fait rentrer dans son cabinet au ministère de l'Emploi en 1997 puis l'avait propulsé porte-parole du PS en 2008. "Tu as redonné vie à l'idée de progrès", a même loué la maire de Lille à l'adresse d'un "petit Ben" désormais arrivé à "maturité".

QUIZ. Connaissez-vous bien Benoît Hamon ?

Depuis sa sortie fracassante du gouvernement fin août 2014 aux côtés d'Arnaud Montebourg pour rejoindre les frondeurs sur les bancs de l'Assemblée nationale, Benoît Hamon, père de deux fillettes, a mûri son projet, en lisant (les philosophes Chantal Mouffe, François Jullien...) et en réfléchissant notamment au syndrome d'épuisement professionnel (burn out).

Cela a alimenté ses "prises de conscience", dont il assume le caractère récent : sur l'écologie d'abord, dont il a fait un pivot de son programme, mais aussi contre "le mythe de la croissance", en repensant la place déclinante du travail dans la société.

Sa grande victoire tactique aura été d'imposer ses thèmes durant la campagne de la primaire en se posant comme le candidat du "futur désirable", de "l'imaginaire puissant", dont la proposition de revenu universel d'existence a largement focalisé les débats et lui a offert une dynamique irrésistible pour doubler Manuel Valls et Arnaud Montebourg dès le premier tour.

"Il faut que tu fasses président"

Une récompense pour ce "gros travailleur" qui "rénove le logiciel" du PS, selon un député aubryste sûr que M. Hamon "est capable de parler à toute la gauche". Cet aîné d'une fratrie de quatre, licencié d'histoire et adhérent au parti depuis 1987, dispose en tout cas d'un précieux réseau au sein de l'appareil, héritage de sa présidence du Mouvement des jeunes socialistes (1993-1995) et de ses amitiés rocardiennes.

Si son humour fait mouche durant les meetings, M. Hamon sait aussi que sa décontraction naturelle pourrait le desservir dans la course à l'Elysée, où il s'agit d'incarner avec sérieux la fonction. 

"Mon conseiller en communication m'a dit: +Benoît, il y a un sujet, il faut que tu fasses président+", plaisantait-il vendredi à Lille. "Moi j'ai dit +c'est quoi, faire président+ ? J'ai regardé ceux qui étaient sur la même ligne de départ que moi, j'ai vu que ça pouvait vouloir dire de porter un costume un peu serré, on fait régalien, on rigole pas trop, le menton levé."

"Mais c'est frappant de voir que ceux qui ont le menton le plus levé sont aussi ceux qui baissent la tête quand ils gouvernent, surtout face aux puissants", cingle celui qui s'érige contre "le mythe de l'homme providentiel" et jure qu'il n'aura pas "la main qui tremble" face aux "lobbies" en tous genres.

Lui qui promet d'opposer à la "droite totale" de François Fillon une "gauche totale" aura désormais un autre scénario défavorable à contrecarrer, alors que le PS est pour l'instant très loin d'être en mesure de se qualifier au second tour de la présidentielle selon les sondages.

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