Salon de l'agriculture : Hollande hué et insulté, entend "les cris de détresse"

Un président hué et insulté par des éleveurs, des heurts autour du stand du gouvernement démonté par des manifestants, et des éleveurs qui crient leur détresse: le salon de l'Agriculture s'est ouvert samedi dans un climat d'extrême tension.

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"Si je suis là aujourd'hui c'est pour montrer qu il y a une solidarité nationale", et "on va tout faire" pour aider l'agriculture, car "en défendant l'agriculture je défends toute la nation", a déclaré le président, accueilli à 06H46 par le président de la FNSEA Xavier Beulin. Très vite, la tension est montée. Une heure après le début de sa visite, des éleveurs, revêtus pour certains de t-shirts noirs, ont hué le président en scandant "Démission".

François Hollande hué...

"C'est l'état d'urgence pour l'élevage!", lance l'un d'eux. "Bon à rien", "on n'est pas des migrants", "connard", "fumier" et autres insultes ont fusé tandis que le président progressait au milieu d'une haie hostile d'éleveurs. "Il s'en fout complètement de nous", clame un autre. "Ca fait un an qu'on mène des actions en France, personne ne nous écoute", enchérit un troisième. Pendant ce temps, quelques allées plus loin, certains éleveurs ont démonté le stand du ministère de l'agriculture. 

... tente de répondre


Le président, accompagné du ministre du l'Agriculture Stéphane Le Foll, n'a pas interrompu pour autant sa visite. Il a rappelé les mesures gouvernementales pour aider les éleveurs en difficulté et redemandé aux groupes de distribution, dont les négociations tarifaires annuelles avec leurs fournisseurs s'achèvent dans deux jours, de "faire un effort de solidarité". 

Le président François Hollande a affirmé entendre les "cris de détresse" des éleveurs : "Les cris de détresse, je les entends (....) La colère, je préfère qu'elle s'exprime à l'occasion de ce salon qu'à l'extérieur", et "c'est une demande très forte qui est exprimée", a déclaré le président, durant la suite de sa visite au salon. Avec l'effondrement généralisé des cours agricoles qui frappe en particulier les éleveurs, plus de 40.000 exploitations sont en situation d'extrême urgence, selon le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, qui accompagne le président durant sa visite. Après les sifflements adressés au président, le ministre de l'Agriculture a estimé samedi que ces agissements n'étaient pas "acceptables" .


Siffler le président de la République pour moi ce n'est pas acceptable, selon Stéphane Le Foll.


"En même temps on était parfaitement conscient qu'à l'occasion de l'inauguration de ce salon un certain nombre d'agriculteurs, d'éleveurs en particulier, allaient souhaiter exprimer la colère qu'ils ressentent", a-t-il déclaré devant la presse, à l'issue de la visite de M. Hollande. "On était parfaitement conscient du contexte et de la difficulté mais le président de la République a souhaité être là ce matin en soutien au monde agricole. Notre présence est aussi un respect vis-à-vis des agriculteurs", a assuré le ministre. "Je ne peux que déplorer ce qui s'est passé ce matin au stand du ministère", a-t-il ajouté.

Le coeur n'y est pas, estiment les agriculteurs rencontrés au Salon




 

Malgré le désespoir ambiant, les professionnels n'ont pas boycotté ce salon, foire-exposition de l'excellence des terroirs français et d'un modèle qui s'interroge sur son avenir. "On y va même si le coeur n'y est pas. C'est souvent la seule semaine de vacances des agriculteurs, mais ils sont à fleur de peau" confie Florent Dornier, Secrétaire général de Jeunes agriculteurs (JA). "C'est peut-être un des salons les plus compliqués depuis 20 ou 30 ans". 

Ce n'est pas la première fois que le salon donne lieu à des débordements, même si le cru 2016 est particulièrement agité.
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