Arrêté anti-chasse : face à la prolifération de sangliers, la maire de Laillé revient sur sa décision et autorise à nouveau la chasse et les carabines

La maire de Laillé, près de Rennes (Ille-et-Vilaine) revient sur l'arrêté pris mi-novembre suite à plusieurs accidents de chasse : la chasse à proximité des habitations et l’usage de la carabine sont de nouveau autorisés dans sa commune. Explications et réactions.

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Le 30 octobre dernier, un automobiliste roulant sur la 4 voies entre Nantes et Rennes était blessé par une balle tirée par un chasseur. Le conducteur de 67 ans était décédé. Quelques semaines plus tôt, le 20 septembre, une meute de chiens avaient fait irruption dans un jardin et tué deux chats.

Le 11 novembre, la municipalité de Laillé, au sud de Rennes avait pris deux arrêtés, le premier interdisait la chasse à moins de 150 mètres des habitations, un autre, prohibant l’usage des carabines sur la commune.

"Aujourd'hui, l'urgence c'est que la chasse reprenne"

Un mois plus tard, Françoise Louapre, la maire de la commune annonce qu’elle a pris un  nouvel arrêté afin de "concilier les impératifs d'ordre et de sécurité publics avec la mise en œuvre de moyens efficaces pour réguler la surpopulation de sangliers."

"Quand on a pris notre arrêté le 11 novembre, explique l’élue, on voulait envoyer un message fort au législateur et aux chasseurs. Aujourd’hui, l’urgence c’est que la chasse reprenne."

Ces dernières semaines à Laillé, huit réunions se sont tenues, avec des chasseurs, des anti-chasseurs, des agriculteurs, des habitants de la commune, des députés et des sénateurs.

La géographie a fait loi

"Nous avons établi une cartographie de la commune. A Laillé, nous avons quelques 900 maisons en dehors du bourg. Interdire la chasse à 150 mètres des maisons, c’était en fait l’interdire sur la moitié de la commune" reconnait la maire.

"Résultat, depuis un mois, constate l'élue, il n’y a plus eu aucune battue sur la commune. Les sangliers, qui sont chassés partout dans les communes alentour, se sentent en sécurité à Laillé et ils restent. Mais ils font des dégâts. Les agriculteurs sont inquiets. Les animaux vont se reproduire et la situation pourrait devenir catastrophique l’année prochaine et les années à venir."

"Et le problème n’est pas qu’économique, souligne Françoise Louapre. Cela pourrait devenir dangereux aussi pour les automobilistes. Il a quelques semaines, une voiture a heurté un groupe de six sangliers, par chance, la conductrice est indemne, mais sa voiture ne roule plus."

A Laillé, comme dans beaucoup de communes, on ne sait plus si ce sont les lotissements qui sont dans les bois ou si ce sont les bois qui sont dans les lotissements

André Drouard, président de la fédération de chasse d'Ille-et-Vilaine

"Il est donc de plus en plus difficile de chasser et de gérer les espèces comme le sanglier" poursuit le président de la fédération de chasse 35.

Des sangliers de plus en plus nombreux

"En 2000, en Ille-et-Vilaine, il y avait à peu près 1 000 sangliers, note André Drouard. Aujourd’hui, on en compte  4 400. Ils prolifèrent, il faut faire attention !"

"Il y a trois enjeux majeurs, poursuit-il. Il faut sécuriser l’acte de chasse, rassurer la population, et gérer les effectifs de sangliers. Mais il faut faire tout cela en même temps, rassurer et être efficaces, on ne doit avoir aucune tolérance sur le moindre écart sur la sécurité des chasseurs et des promeneurs, mais il faut qu’on abaisse la population de sangliers.

L'amertume des anti-chasse

On a sacrifié la sécurité des habitants sur l’autel de la chasse

Jimmy Nedellec du collectif Forest Shepherd

Un brin amer, le membre du collectif Forest Shepherd poursuit : "Etre à moins de 150 mètres des habitations, ne pas utiliser de carabines, ça n’empêche pas de chasser le sanglier !"

"Nous voulions que des mesures soient prises pour que ce qui est arrivé à l’automobiliste ne puisse plus jamais se reproduire. Là, ça peut recommencer demain" termine Jimmy Nedellec.

Des avancées dans la réflexion

"Non, il n’est pas question de faire comme si rien ne s’était passé, insiste Françoise Louapre. La semaine prochaine, les chasseurs de la commune seront invités à suivre une formation à la sécurité. S’ils refusent, ils pourraient perdre leurs permis de chasse."

L’élue se réjouit d’avoir fait avancer le débat : "On a mis en avant le problème de l’usage de la carabine sans formation. Pour l’instant, c’est simple, explique l’élue, on peut aller acheter une carabine le matin et partir dans les champs, cela ne pose aucun problème à personne. Mais nous cela nous interroge."


Dans le nouvel arrêté municipal, le nombre de chiens en battue sera limité. A force de réunion, les élus de Laillé ont appris que là où il y a 20 ans, une battue se faisait avec 6 ou 7 chiens, il y aujourd’hui toute une meute (ndlr : une trentaine de chiens) et parfois 2 meutes. Avec le nouvel arrêté, ils ne seront pas plus de 20.

Françoise Louapre espère que sa proposition de journées sans chasse sera aussi entendue.

Enfin, le tir à balles est interdit en plaine pour les battues au chevreuil mais reste autorisé pour les sangliers : "C’est important, justifie André Drouard. Si on tire avec des plombs, on risque de blesser l’animal et un sanglier blessé peut se révéler très dangereux." Mais le tir à la carabine ne sera autorisé qu’avec des tirs dos aux habitations et donc vers les forêts et les champs.

 
Jimmy Nedellec de Forest Shepherd rappelle qu’il existe d’autres solutions pour limiter la population de sangliers. "On avait proposé d’interdire l’agrainage (nourrir des animaux sauvages pour qu’ils restent dans une zone), de semer des cultures moins appétentes pour les sangliers ou de grillager certaines parcelles."

"Ce sont de vraies questions de société", analyse la maire de Laillé.

S’ils ne veulent pas que la chasse s’arrête, il faut que les chasseurs se remettent en question. S’ils ne font pas évoluer leurs pratiques, c’est la société qui va mettre un point final à la chasse

Françoise Louapre, maire de Laillé

"Dans une commune, on doit tenir compte les uns des autres, poursuit Françoise Louapre. Faire société dans un territoire rural et urbain. Il faut arrêter de se bloquer, de s’écharper et essayer de se mettre à la place des autres pour pouvoir vivre ruraux et urbains, chasseurs et non chasseurs, tous ensemble."  

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