Aux portes de Brocéliande, Paimpont crève l'écran. Pour "Les Barbares", Julie Delpy a eu le coup de coeur

Une commune bretonne qui se déchire sur l'accueil de migrants, on a déjà vu cela dans la vraie vie du côté de Callac. Cette fois, c'est au cinéma. Mais pour traiter un sujet qui la bouleverse, la réalisatrice Julie Delpy a choisi le ton de la comédie et opté pour Paimpont en forêt de Brocéliande. Commune qu'elle connaît bien et dont des habitants ont joué le rôle de figurants.

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À l’affiche depuis le 18 septembre, le film "Les Barbares" est une comédie tournée à Paimpont en forêt de Brocéliande au sud de Rennes. Avec au casting quelques grands noms du cinéma français : Sandrine Kiberlain, Laurent Laffitte, Julie Delpy, qui signe aussi la réalisation.    

"C’est son deuxième film à Paimpont", rappelle Julien Dessa, l’adjoint à la culture. "Julie a des racines près d’ici. En 2011, elle avait déjà tourné "Le Skylab", l’histoire de la petite Albertine, qui en 1979 venait fêter en famille l’anniversaire de Mamie, dans sa maison bretonne.

"Les Barbares", l'histoire d'une commune bretonne qui se déchire sur l'accueil de migrants

Cette fois-ci, l’actrice et réalisatrice a donc choisi de raconter l’histoire d’un village breton parti pour  accueillir des réfugiés, au départ ukrainiens.

Dans un bel élan de solidarité après le déclenchement de la guerre, la commune choisit de voter pour. Mais au final, ce ne sont pas des Ukrainiens qui débarquent, mais des Syriens. Et là, l’unanimité se fissure.

 

"La première impulsion a été la crise des migrants", a expliqué Julie Delpy à France Info. Voir des gens mourir en Méditerranée, ça m'a beaucoup marqué. Et j'ai imaginé comment ça se passerait dans un village comme ça, un peu tiraillé entre deux extrêmes, avec d’un côté des gens qui sont pleins de bonne volonté, contents de recevoir ces réfugiés, et d'autres moins. L’idée, c'était de traduire cette crise à travers un tout petit village, un microcosme".

"C’est une tragédie, mais j’ai choisi de traiter le sujet avec humour. Parce que ça m’émeut tellement que je ne me sentais pas capable d'aborder le sujet autrement". 

 Lire aussi. "Les Barbares" : pour Julie Delpy, l’idée était de "traduire cette crise des migrants à travers un microcosme"

Six semaines de tournage l'été 2023

"Pour le tournage, poursuit Julien Dessa, l’histoire a commencé six ou sept mois plus tôt. On a reçu un coup de fil, on a eu un premier rendez-vous, on nous a expliqué le scénario, qui étaient les acteurs principaux, et il y a du beau monde, et on nous a demandé si on était d’accord. C’était carré, on a dit oui, et l’aventure a commencé comme ça. Mais cela n'a pas toujours été simple"

Le tournage s'est déroulé en juin-juillet 2023. Avec à la clé, une partie des bâtiments, des rues, tour à tour réquisitionnés. Pas évident à accepter pour les commerçants qui dans cette petite commune touristique au cœur de Brocéliande et de ses terres de légende, réalisent chaque été une bonne partie de leur chiffre d'affaires. " Il y a eu des réticences, quelques remous, reconnaît l'adjoint. On a tenté de faire au mieux avec les équipes de tournage".

Avec le scénario, certains ont eu peur que le film donne une mauvaise image, mais on est rassuré...

Julien Dessa, adjoint à la culture

Et puis, reconnaît aussi l’adjoint à la culture, la thématique du film a aussi inquiété.

"Au départ, l’histoire, c’est quand même un village qui rejette l’arrivée de migrants. Donc certains ont eu peur que ça nous donne une image de gens qui refusent la différence, qui excluent les autres, alors que ce n’est pas le cas. Mais quand on voit le résultat, quand on voit le film, je pense que tout le monde a été rassuré".

La forêt de Brocéliande fait le plein de visiteurs (francetvinfo.fr)

Des Paimpontais comme figurants

À Paimpont, des habitants ont aussi joué le rôle de figurants. Comme Val', veilleuse de nuit dans le civil, et qui avec ses amis, s’est retrouvée à danser toute une nuit pour une séquence du film. 

"Ça a duré des heures pour un passage très bref. On a dansé de minuit à 5h du matin, raconte-t-elle dans un éclat de rire. Avec des bottes aux pieds, ça finit par faire mal. Mais bon, il y avait une bonne ambiance, et figurant, finalement, c'est un beau métier ! Vous êtes rémunérés pour danser, et on vous paye même le café…"

Au bar le "Brécilien", la patronne s’est également prêtée au jeu. Et plutôt deux fois qu’une.

Son café a d’abord servi de décor. "C’était une vraie fourmilière, sourit-elle. Ils ont chamboulé tout, déménagé plein de choses, mais ils ont tout remis en place !"

Et puis, Valérie s’est aussi retrouvée figurante, à jouer tout simplement son propre rôle, de patronne, en interrompant une bagarre au comptoir. "C’était stressant, avec tout ce monde autour, j’ai dû refaire 4 ou 5 fois la prise. Mais c’est un bon souvenir. J’ai pris des tas de photos, je vais faire une expo".

Paimpont. Des chênes prélevés pour la reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris (francetvinfo.fr)

Paimpont au cœur aussi de la série télévisée Brocéliande

À Paimpont, après la sortie des "Barbares", la commune s’attend bien sûr à quelques retombées.

"Mais si l'on voit bientôt débarquer plus de monde", souligne l’adjoint Julien Dessa, "ce sera peut-être surtout la conséquence d’un autre tournage, réalisé ici aussi en 2023, celui de la série télévisée "Brocéliande" avec Nolwen Leroy, et dont TF1 vient de diffuser les premiers épisodes".

En quelques jours, voilà donc Paimpont qui s’installe à la fois sur le petit et sur le grand écran. La légende n'est pas près de s'éteindre.

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