Budget de la Sécu adopté. Pour les malades du cancer, la possibilité d'une activité sportive remboursée

Le gouvernement souhaite expérimenter le remboursement d’une activité physique adaptée pour les malades souffrant de cancer. Depuis 2017, les médecins ont la possibilité de prescrire du sport, mais la pratique n’était jusqu’ici pas prise en charge par la sécurité sociale. Une expérimentation de deux ans confiée aux ARS, ouvre cette possibilité.

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"Et un, et deux, et trois… "Deux fois par semaine, dans les locaux de la Ligue contre le cancer à Rennes, Alexandre Corbel, enseignant en activité physique adaptée, fait travailler ses patients. 
Ils viennent pour 10 séances, "par petits groupes de 6, pour un accompagnement le plus individualisé possible, il y a des parcours plus ou moins compliqués", précise Alexandre Corbel. 

"On ne fait pas du sport comme on voit dans les salles, on fait de l’exercice. Par essence, l’activité adaptée, elle est adaptée. Chaque personne va travailler en fonction de ses capacités et de sa pathologie. La dame qui a un cancer du sein et le monsieur qui a un cancer de la prostate feront des mouvements différents.  C’est parfois du renforcement musculaire, des étirements, du travail d’équilibre…  le but, c’est qu’ils aillent mieux. "

Sport sur ordonnance

Depuis un décret du 30 décembre 2016, les médecins peuvent faire des ordonnances pour prescrire du sport. Mais l’activité n’est pas prise en charge par la Sécurité sociale. Ce pourrait devenir le cas pour les malades de cancer. 

"Ça parait indispensable, affirme Alexandre Corbel. Les activités physiques, c’est un atout thérapeutique à part entière. Les études scientifiques le montrent. L’activité joue un rôle positif dans la vie des patients atteints par la maladie. Elle permet de prévenir le surpoids et l’obésité, des facteurs de risque connus qui peuvent accroître le risque de récidives. L’activité module la production de certaines hormones qui peuvent intervenir dans la croissance d’une tumeur. Elle stimule aussi le système immunitaire et donc la lutte contre les cellules cancéreuses. "

Ainsi, chez les personnes souffrant de cancers, le sport diminuerait les risques de récidive de 20 à 40% selon les cancers. 

Sport médicament


"A sa manière, l’activité physique soigne le corps et la tête", constatent Alexandre Corbel et Claire Moubèche, responsable du service accompagnement des personnes malades à la Ligue contre le cancer d’Ille-et-Vilaine. Au cours des séances, ils voient les personnes se transformer. "Au début, témoigne Alexandre Corbel,  ils arrivent enroulés, les épaules rentrées à l’intérieur et petit à petit, ils retrouvent leurs capacités, ils se redressent, se réapproprient leurs corps et retrouvent confiance en eux." 

Au début,  ils arrivent enroulés, les épaules rentrées à l’intérieur et petit à petit, ils retrouvent leurs capacités, ils se redressent, se réapproprient leurs corps

Alexandre Corbel, enseignant en activité physique adaptée


"Le sport permet d’être actif dans la maladie, confirme Claire Moubèche. Cela aide les malades à reprendre confiance en eux, à fabriquer du lien social. Car pendant une séance de marche nordique ( la Ligue contre le cancer d’Ille-et-Vilaine en organise toutes les semaines) les gens se parlent, échangent sur la vie quotidienne. Ils ont la même histoire et se comprennent. C’est un vrai soutien pendant et après la maladie. "

Un traitement qui ne sera pas pour tout le monde


A l’annonce de la mesure, Sophie Cha, médecin conseiller à la Drajes, ((Délégation Régionale Académique Jeunesse Engagement et Sport) ne cache pas sa déception. "On attendait bien plus".

"Il y a eu une vingtaine d’expérimentations en France, sur le diabète, les problèmes cardiaques. En Bretagne, par exemple, on a avait un projet As de Cœur pour faire du sport adapté avec des personnes qui avaient fait un infarctus, et bien tous ces projets s’arrêtent là.

"La lutte contre la sédentarité est grande cause nationale, rappelle-t-elle et on a une littérature surabondante qui répète à longueur de pages que le sport adapté est efficace pour toutes les pathologies, les maladies cardio-vasculaires, mais aussi les maladies mentales, les dépressions, l’anxiété. Le sport adapté, c’’est une pratique thérapeutique non médicamenteuse, à la portée de tous mais on ne va la rembourser que pour certains malades", regrette-t-elle. 

Le plus difficile, c’est le premier pas

Sophie Cha, médecin conseiller à la Drajes, (Délégation Régionale Académique Jeunesse Engagement et Sport)

"Il ne s’agit pas de financer les activités sportives de tout le monde, mais on le sait, le plus difficile, c’est le premier pas. Pour marcher, il faut qu’il y ait des gens qui encadrent et qui motivent." 

"Un euro investi dans le domaine de l’activité sportive adapté permettrait d’économiser 1 euro 7 plus tard. Il faut investir maintenant pour voir les effets dans quelques années conclut la médecin. Mais malheureusement, tout le monde n’aura pas accès au sport adapté remboursé. "

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