C'est quoi être citoyen ? Place et rôle des députés ? Paroles de Melessiens dans le Grand débat

En Ille-et-Vilaine, la commune de Melesse organise plusieurs Grands débats. Des rencontres qui attirent les habitants, entre scepticisme et envie de changement. Après avoir abordé la transition énergétique, soixante personnes étaient réunies jeudi soir pour aborder la citoyenneté et la démocratie.


20 h, ce jeudi 31 janvier. La mairie de Melesse accueille ses habitants ou des voisins de la commune, pour un deuxième Grand débat. Une petite salle est mise à disposition. Ce soir-là, elle fait le plein, avec une soixantaine de personnes. Au programme, la citoyenneté et la démocratie. Des tables sont installées pour permettre de dialoguer par petits groupes, avant un rendu final en fin de soirée. Des documents sont à disposition : la charte diffusée par le gouvernement, un questionnaire lié à la thématique. Claude Jaouen, le maire, est là pour annoncer le déroulé. À aucun moment, il n'interviendra, "par choix" explique-t-il.
  

Pourquoi sont-ils là?


Fabien, Philippe, Louis, Jean-François, Maryvonne, Françoise se retrouvent ensemble. Parmi eux, deux Melessiens. Les autres viennent des environs. Pourquoi sont-ils venus ? Première raison : toutes les communes n'ont, pour l'instant, pas organisé de Grands débats. Vient ensuite la curiosité, pour "voir comment ça se passe""J'avais aussi envie de sortir de ma bulle habituelle" dit Fabien. Certains, comme Philippe, sont là tout spécialement pour le thème abordé.
 

Sans ce mouvement, on ne serait pas là (à propos des Gilets jaunes).


D'emblée, tous font le constat de l'impact du mouvement des Gilets jaunes, et d'un profond malaise qui ne date pas d'hier. "Des gens sont arrivés à la limite de la survie. Ils sont à bout. C'est un moment-clé." 


Deux heures de discussion


À cette table, les participants préfèrent se lancer directement plutôt que de suivre un questionnaire : c'est quoi être un citoyen ? Tout le monde s'accorde sur la réponse : c'est quelqu'un qui a le droit de vote, qui participe à la vie de la cité, avec des droits et des devoirs. Être citoyen rime aussi avec le territoire, "là où l'on naît", avec engagement si on participe à la vie associative. "Et les mineurs qui ne votent pas ?" lance Maryvonne. 

Le vote justement, autre grand questionnement. Certains voudraient que l'âge du droit de vote s'abaisse à 16 ans. "Certains jeunes travaillent déjà à 16 ans, sont militants" estime Jean-François. Réactions mitigées autour de la table :"ce n'est pas contre la jeune génération mais je ne pense pas que l'on ait assez de discernement à cet âge-là". 

La place du vote blanc fait l'unanimité : "il faut le prendre en compte. S'il est trop important, il pourrait invalider un scrutin." 
 

Le Gouvernement doit être responsable devant le Parlement


Certains pointent du doigt la présence quasi monarchique du chef de l'État et de l'affaiblissement du pouvoir du Parlement. "La situation est trop déséquilibrée. Nous, on ne peut pas démissionner notre Président". On insiste sur la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice. Faut-il abaisser ou non le nombre de députés ou sénateurs ? Non mais peut-être pourrait-on les désigner autrement, "en partie par tirage au sort par exemple." Les députés devraient aussi avoir un mandat local, "pour garder les pieds sur terre". Autre proposition : l'inéligibilité d'un député en cas de condamnation judiciaire. Et Jean-François de lancer avec poésie :"Il ne faut aussi pas oublier l'autre moitié du ciel" , en parlant des femmes et de la parité. 
 

La place des médias


La question des médias arrive. "Il faut que les médias rapportent les faits, ils sont trop orientés. Ils jouent avec l'émotionnel plutôt qu'avec le rationnel." Autour de la table, consensus sur l'éducation aux médias : "Il faut qu'on apprenne le fonctionnement des médias, le plus tôt possible." "Ils doivent être source d'enseignement, pas une source d'influence." "Cela reste un outil de la démocratie, un quatrième pouvoir", tout le monde s'accorde là-desus. 
 

Je suis sceptique sur le sort du Grand débat (Louis)


22 h 30, tour des tables, rendu des copies. "Là c'est la table de l'utopie" souffle-t-on dans la salle. A ce moment-là, quelqu'un prend la parole pour évoquer une proposition de scrutin alternatif, dans lequel les candidats seraient notés pour éviter le vote par défaut.

Personne n'est naïf sur l'issue de ces débats, évoquant même "une instrumentalisation". Mais cette soirée remporte l'adhésion. Louis souligne :"C'est quand même extraordinaire ce qui se passe maintenant, la société n'a pas ce genre d'échanges en temps normal." Fabien ajoute même : "Ces assemblées citoyennes devraient avoir lieu plus souvent."

Du côté du maire, le bilan est positif :"Les gens se sentent acteurs et se disent qu'ils peuvent venir. Je suis satisfait de la manière dont ça se passe. Je ne suis pas surpris de cette motivation, il y a cette attente." Pour autant, Claude Jaouen a du mal à voir l'après, l'exploitation des remontées par l'État "Ça va être dur à exploiter, ça va être limité." Pour lui, ce genre d'assemblée influera surtout sur la démocratie locale. 

Les prochaines assemblées de Melesse auront lieu le 5 février sur le thème de "la fiscalité et les dépenses publiques" puis le 11 février "l'organisation de l'État et des dépenses publiques." 
 
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