Ils s'étaient déjà mobilisés le 11 août à Saint-Malo. Les membres du collectif Rance-Emeraude ont remis çà, cette fois sur la commune de Cherrueix. Ils contestent le déploiement d'une nouvelle antenne-relais de téléphonie, prévue pour la 4G, mais avec en ligne de mire l'arrivée de la 5G.
Elle doit être érigée sur la route littorale qui mène au Mont-Saint-Michel. Très précisément au lieu-dit les Carrées, sur le territoire de la commune de Cherrueix. Cette nouvelle antenne-relais de téléphonie dans le pays de Saint-Malo n'avait guère fait de vagues jusqu'à ce que le collectif anti-ondes Rance-Emeraude s'empare du dossier.
C'est donc sur le chantier que ses membres ont appelé à manifester. Une cinquantaine de personnes a fait le déplacement. Parmi elles, Anne-Marie Gernot. "Je vis à moins de 450 mètres de là et si l'antenne est mise en service, pour moi, ma vie, ça va être l'enfer tous les jours", nous explique cette riveraine électrosensible. "Je sais, pour l'avoir expérimenté à Baguer-Pican ou à Saint-Broladre, qu'il me faut au moins être à 800 mètres ou un kilomètre pour que je puisse vivre".
Sortir de la zone blanche
Le permis de construire de cette nouvelle antenne a été accordé à l'opérateur Orange par la municipalité de Cherrueix.
L'objectif est clairement affiché : sortir la commune de la zone blanche dans laquelle elle se trouve. "On a constaté depuis deux ans déjà de nombreux retours de Cherrulais, de citoyens et de touristes, comme quoi il n'y avait pas de réseau dans le bourg", confirme Jean-Michel Taillebois, adjoint au maire. "Et cela, ça pose des problèmes graves de sécurité pour des personnes isolées à la maison, ou pour des services pour les professionnels. On a besoin d'un service de télécommunications performant à Cherrueix".
Un danger sanitaire
Des arguments entendus par les manifestants. Pour eux, il ne s'agit pas de s'opposer au progrès mais bien de s'interroger. Pour le lanceur d'alerte Marcelin Daniel, "les gens, ils peuvent avoir des maux de tête, des vomissements, mais il peut aussi ne rien se passer, on ne sait pas". Pour autant "on a suffisamment d'exemples pour dire que c'est un véritable danger, du point de vue de la démocratie, de la vie humaine, de la santé des gens. Alors si ça ne suffit pas pour se poser des questions, on a qu'à tout laisser tomber".
Le collectif a déposé une plainte contre X pour mise en danger de la santé d'autrui.
Dans leur argumentaire, les membres du collectif font référence à la Loi Abeille, du nom de la députée à l'origine de ce texte de 2015 relatif à "à la sobriété, à la transparence, à l’information et à la concertation en matière d’exposition aux ondes électromagnétiques".
Cette loi interdit notamment l'installation de WiFi en crèches ou en garderies et la désactivation des dispositifs WiFi en primaire lorsqu'ils ne sont pas utilisés pour des "activités pédagogiques numériques".
Une législation assouplie
En ce qui concerne les antennes-relais, ce texte a mis en place un "comité national de dialogue relatif aux niveaux d'exposition du public aux champs électromagnétiques", associant les différentes parties prenantes, sous l'égide de l'Agence Nationale des Fréquences.
Présenté comme un durcissement de la législation, le texte a été assoupli depuis 2018 avec l'article 62 de la loi Elan, au grand dam des opposants au déploiement à outrance des antennes.
L'antenne de Cherrueix devrait être opérationnelle dans les prochaines semaines.