Le couvre-feu en Ille-et-Vilaine met les professionnels de la restauration dans une situation très précaire. C'est un sacré coup dur" disent-ils. Du côté des salles de cinéma, même constat. Réactions.

A partir de vendredi minuit, l'Ille-et-Vilaine rejoindra la cohorte des départements placés en couvre-feu de 21h à 6h du matin. Une annonce qui fait évidemment réagir du côté des bars et restaurants. "C'est un hara-kiri économique, déclare Pierre Clolus, membre du collectif "On va tous trinquer". On se sent trahis car on devait se concerter avec la préfète d'Ille-et-Vilaine pour obtenir une ouverture jusqu'à 23 h. On vient de faire des efforts en fermant à 22h et on se rend compte que cela ne sert à rien. On est très très fâchés".


"Coup de grâce"


L'homme est à la tête d'un bar-restaurant à Rennes qui emploie 15 salariés, "dont quatre qui sont actuellement en période d'essai, souligne-t-il. Je vais donc être obligé de suspendre cet essai. Ces quatre personnes se retrouvent sur le carreau". Et de rappeler que "pour les bars et les restaurants, aucune aide n'existe. A part le fonds de solidarité plafonné à 1.500 euros et le chômage partiel. Mais, pour les charges fixes, on fait comment ? J'ai 5.000 euros de loyer et un prêt sur les épaules, ce n'est pas avec les 1.500 euros d'aide que je vais m'en sortir".

François de Peña, président de l'UMIH 35 (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) précise que "pour obtenir cette aide de 1.500 euros, il faut avoir perdu plus de 50 % de son chiffre d'affaires. Or, ce n'est pas le cas pour la grande majorité d'entre nous. Ce qui veut dire que l'on ne touchera vraiment rien". Ce gérant d'une crêperie à Bain-de-Bretagne qualifie ce couvre-feu de "coup de grâce".
 

Notre filière entière est sacrifiée. On échappe à toutes les mesures d'aide. Personnellement, je ne sais même pas si mon restaurant survivra à ces six semaines de couvre-feu.

François de Peña, président de l'UMIH 35 et restaurateur

 

Pour les restaurants et les bars, c'est évidemment le soir que la clientèle est la plus nombreuse. "Entre le midi et le soir, il n'y a pas photo, explique Pierre Clolus. Le soir, on réalise 2/3 de notre chiffre d'affaires. Et ouvrir une cuisine pour deux heures, ça ne vaudra pas le coup ! Ca va être l'hécatombe économique et sociale"


"Coup dur" pour les cinémas aussi


Du côté des cinémas, eux aussi touchés par ce couvre-feu, les séances après 19 h seront tout simplement supprimées. Yves Sutter, directeur général de Cinéville, annonce déjà une réorganisation des séances dès samedi. "Dans nos deux cinémas de Bruz et Vern-sur-Seiche, la séance du soir sera placée à 11 h du matin". Un pis-aller car se pose également la question de la sortie des films. "Ce qui arrive-là, c'est un coup dur. Et cela peut aussi devenir un coup en deux coups : on ne peut plus proposer des séances le soir et cela entraîne le décalage des sorties de films. Si fin novembre, on propose les mêmes films que fin octobre, il risque d'y avoir un sérieux problème".

Même si la ministre de la Culture annonce des aides supplémentaires de 30 millions d'euros pour le cinéma, Yves Sutter remarque que "personne, pas même Mme Bachelot, ne maitrise la stratégie des éditeurs de films qui peuvent décider de ne pas sortir leurs films dans ce contexte".

Le directeur de Cinéville rappelle aussi que le monde de la culture avait demandé une dérogation pour que le public puisse sortir des salles de spectacles et cinéma après 21 h. "Leur ticket d'entrée aurait servi de justificatif, explique-t-il, mais ça été refusé. Alors que si votre TGV arrive dans une ville sous couvre-feu après 21 h, c'est possible. Votre billet de train vous permet de rentrer chez vous sans être embêté".
 
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