Dans une commune, l’énergie, c’est l’éclairage des rues, la lumière et le chauffage des écoles, des cantines, des salles polyvalentes et des salles de sport. Devant la flambée des coûts, les maires ruraux s’alarment et en appellent au gouvernement pour demander la création d’un fonds de soutien énergie.
"Les perspectives financières de nos communes s’assombrissent, indique Louis Pautrel, maire de Le Ferré et Président de l'Association des Maires Ruraux d'Ille et Vilaine. "De plus en plus d’élus s’inquiètent des conséquences de la flambée des prix de l’énergie impactant directement les budgets communaux. "
L’élu dresse une liste rapide de tous les besoins en énergie des communes : l’éclairage public, l’électricité et le chauffage des écoles, des cantines, des salles de sport, des bâtiments municipaux etc etc…
"Les dépenses pourraient augmenter de 50 % à 200 % selon les fournisseurs d’énergie. Les communes vont se retrouver dans l’incapacité d’absorber ces augmentations et risquent d’être dans l’obligation de présenter un budget en déséquilibre", redoute Louis Pautrel.
"Il n'y a plus de petites économies"
"Au Ferré, on coupe désormais l’éclairage public à 21h, précise l’élu, c’est toujours ça, il n’y a plus de petites économies."
A quelques kilomètres de là, à Feins, les lampadaires s’éteignent à 21h30 pour se rallume à 6h30 le lendemain matin. Et Alain Fouglé, le maire de la commune de 1 014 habitants envisage de rallonger les périodes sans lumières.
Car l’édile redoute les prochains mois. "On nous demande de faire des économies d’énergie, souligne-t-il, mais à l’école, on ne peut pas baisser la température des classes pour des petits de six ou sept ans qui doivent rester assis. Je n’ai pas envie qu’ils tombent malades et on ne peut pas se permettre des conflits avec les parents."
"On n’a plus de marges de manœuvre, constate Alain Fouglé. Les prix de l’alimentation grimpent, ça impacte notre budget cantine, les salaires des fonctionnaires communaux augmentent mais nous ne percevons plus la taxe d’habitation. L’Etat devait compenser mais ce n’est pas le cas. Dans une entreprise, décrit-il, quand les charges montent, ils ajustent les prix, mais nous, on ne vend rien, on n’a pas d’argent à rentrer. "
Des conséquences dramatiques pour l’économie locale
"Si les trésoreries des communes passent dans le rouge, elles vont freiner leurs investissements," prévient Louis Pautrel, Président de l’association des maires ruraux d’Ille-et-Vilaine. "Cela menace donc aussi le secteur du bâtiment et des travaux publics. "
"Quand on regarde la situation, ce n’est pas compliqué, pour investir, il faut que l’on puisse faire des économies sur notre budget de fonctionnement. Si on n’a pas ses économies, on ralentira nos travaux, par exemple, nos routes, au lieu d’en réparer 10 kilomètres, on n’en fera que 4. Pour rénover nos bâtiments, refaire une toiture, c’est pareil, ça attendra…" précise Alain Fouglé.
"Mais que vont devenir les entreprises du BTP ? Les artisans, les couvreurs ??? S’ils ont moins de travail, ils vont licencier et on va bloquer l’économie, ça peut aller très vite", s’alarme -t-il.
Un tarif réglementé pour les communes ?
L’association des maires ruraux d’Ille-et-Vilaine demande au gouvernement la création d’un fonds de soutien énergie, et exige que toutes les collectivités puissent bénéficier à nouveau des tarifs règlementés de l’électricité.
Seules les plus petites communes, celles qui ont moins de dix salariés et des recettes de fonctionnement inférieures à deux millions d’euros peuvent à ce jour bénéficier d’un retour au tarif règlementé.
"Dix salariés, s’étrangle Alain Fouglé, c’est un critère d’énarque ! Ils sont complètement hors-sol ces gens- là. Pourquoi dix ? Pourquoi pas huit ou douze ? Parce que c’était un chiffre rond ?"
A Feins, onze personnes sont employées par la mairie. "Mais cela ne veut rien dire, s’agace l’élu, on a des salariées à l’école, pour la cantine ou la garderie qui ne travaillent que quelques heures par semaine, mais à cause de cette limite, on est coincés !"
Les élus du monde rural espèrent être entendus. "On a vraiment besoin d’aides, disent-ils. Pour nous et pour nos territoires, ce serait une bouffée d’oxygène pour nos budgets."