A Fougères, en Ille-et-Vilaine, des élèves de bac pro vente forment les commerçants de la ville au commerce digital

A Fougères, pour compenser la fermeture de leur magasin, les commerçants vont être aidés par des élèves du lycée professionnel St Joseph pour développer vitrines numériques, vente en ligne et click and collect. Des élèves qui remplacent ainsi leur stage en entreprise annulé à cause du confinement.

C'est la rencontre de deux besoins. D'un côté, 48 élèves de première en bac pro "métiers du commerce et de la vente" du lycée JBLT - site Saint Joseph de Fougères dont les stages ont été annulés, crise sanitaire oblige. De l'autre, les commerçants de cette ville de 20 000 habitants en Ille-et-Vilaine, fermés pour cause de confinement. 
 
 

Une initiative gagnant/gagnant


Et au milieu, Nathalie Chevalier-Duclos, professeure de vente des dits élèves et fougeraise d'origine attachée à la vie locale. Devant les centaines de rideaux baissés en ville et la détresse de ses élèves qui se voyaient refuser leur stage en entreprise, elle a eu l'idée de faire se rencontrer les besoins des uns et deux autres. De mettre à disposition les compétences de ses classes pour aider les commerçants à investir le dernier lieu possible pour vendre : internet. "Moi, je voulais aider, raconte-t-elle. Alors j'ai démarché, démarché. Et d'appels en apples, de noms en noms, j'ai pu présenter mes propositions. Et le projet s'est monté. En une semaine !"

Début novembre, elle a donc proposé à la mairie de Fougère, la Chambre de commerce et d'industrie et l'association des commerçants, une collaboration inédite et gagnant/gagnant : après une semaine de formation un peu plus poussée en commerce digital, chacun de ses élèves va aider un commerçant de la ville à mettre en place du "click and collect". Une collaboration qui aura valeur de stage en entreprise. "Avec la réforme du bac, le nouvel axe de cette formation, c'est la digitalisation du commerce, explique l'enseignante. Et là, on est en plein coeur de l'action ! L'initiative a tellement plu que j'ai même des élèves qui ont reporté leur stage en entreprise pour collaborer à cette action de solidarité ! Il ne faut pas oublier que ces jeunes sont les commerçants de demain. Et que les commerçants d'aujourd'hui peuvent devenir un jour leur employeur. Ca se fait se rencontrer plusieurs générations".

"C'est un super projet !, s'enthousiasme Adeline Martin, responsable d'une franchise d'une grande chaîne de vente de chaussure. Moi, par exemple, je suis à l'aise avec Instagram et Facebook mais pas du tout avec Tik Tok par exemple. Donc je vais demander à un élève de m'aider à faire de petites vidéos et à utiliser ce support." Autre idée, "pour Facebook, je vais prendre quelques élèves pour faire des photos de mise en situation de mes produits qui seront postées sur les pages du magasin."

"C'est grâce au numérique que je continue à travailler : je fais du click and collect en étant présente sur les réseaux sociaux​​​​"
explique-t-elle.


La digitalisation de A à Z


Depuis l'annonce du deuxième confinement, Alban Lebrun continue, lui aussi, de vendre en click and collect. Grand utilisateur des réseaux sociaux - "ça représente à peu près 20% de mon chiffre d'affaires" -  il en connait un rayon en matière de digitalisation et n'hésite pas à multiplier les vitrines virtuelles de son magasin de meubles et décoration situé dans le centre ville de Fougères.
   
Lui, c'est plutôt pour son site internet qu'il va chercher de l'aide. Pour le moment, "c'est juste un site vitrine. Dans l'avenir proche, je voudrais en faire un site de vente en ligne de petits objets de déco pour développer ça", explique celui qui est aussi le président de l'association Commerce Ville de Fougères. Et c'est chez les élèves du lycée Saint Joseph qu'il espère trouver l'expertise nécessaire à cet objectif.
 

Du sur-mesure


"C'est vraiment une belle opportunité de faire avancer les choses, explique Alban Lebrun. Chacun va y trouver son compte. Les petits jeunes vont nous apprendre des choses et nous, on va leur apprendre le métier et le monde de l'entreprise : réceptionner de la marchandise, déballer, ranger, gérer le stock. Tout le monde s'y retrouve". 

Début effectif de la collaboration dès ce lundi 16 novembre pour 4 semaines de "présence sur le terrain" détaille Isabelle Collet, adjointe au maire de Fougères chargée de l'attractivité économique de la ville. Le but, c'est de mettre tout le monde à niveau en termes de e-commerce. Ca fait six mois qu'à la mairie, on travaille à trouver des solutions. Et celle-ci satisfait tout le monde !".
 

L'Etat annonce une aide financière 


Adeline Martin, elle, a hâte de commencer à travailler avec les stagiaires du lycée Saint Joseph. On l'entend dans sa voix. "C'est un soutien énorme ! Moralement déjà : voir  des jeunes qui sont prêts à soutenir les commerces de leur ville, c'est vraiment une grande chance. C'est une chance pour eux aussi parce qu'ils font pouvoir ajouter des compétences sur leur CV, se faire des contacts, un réseau. Et tout ça, c'est gratuit !"

Et ça pourra peut-être même assurer aux commerçants de Fougères une aide de l'Etat. Invité de BFMTV lundi 9 novembre, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, a promis une "aide directe" de 500 euros dès janvier 2021 "aux commerçants qui souhaitent se digitaliser [numériser leur activité] eux-mêmes".
 
Une aide dont Adeline Martin pourrait bénéficier. La commerçante compte en effet continuer à s'appuyer sur la digitalisation de son activité après la crise sanitaire. Elle dont le ton ne cache pas le dynamisme  "Je n'ai pas baissé les bras quand la fermeture a été annoncée. C'est difficile moralement et financièrement mais il ne faut pas se laisser aller sinon on ne va pas tenir. Ce qui m'aide aussi, c'est que je suis très soutenue par mes clients. J'avais peur qu'à la approche de Noël, ils partent vers les grosses plateformes mais non".
 

Des clients solidaires des commerçants indépendants


Pour preuve, les messages de soutien affichés sur les vitrines des commerces de la ville : 
 
"Le côté positif dans tout ça, c'est la solidarité qui se met en place entre tout le monde, avoue Adeline Martin. On l'avait déjà remarqué lors du premier confinement. Et là, j'ai l'impression que c'est encore plus marqué. J'ai la sensation que les gens comprennent enfin que c'est le commerce de proximité, même non essentiel, qui fait vivre la ville. Parce qu'il y a de l'humain. J'ai des clientes qui me racontent le mariage de leur fils ou qui me parlent de la nouvelle coupe de cheveux qu'elles veulent faire. Les employés des grandes plateformes de e-commerce ne savent pas tout ça. Les gens sont en train de se rendre compte qu'on a une place importante dans leur vie".

Et Nathalie Chevalier-Duclos de conclure : "quand je vois tous ces jeunes se mobiliser, être aussi enthousiastes, c'est incroyable ! Au collège, ce n'est pas sur eux qu'on aurait parié. Et là, on a besoin d'eux. C'est une reconnaissance énorme pour eux. Et croyez-moi, ils font faire des étincelles ! "
 
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