TEMOIGNAGE. Prix des carburants. Pourquoi les aides en vigueur ce 1er avril ne vont rien changer pour cet ambulancier de Tinténiac

Début avril, deux mesures gouvernementales entrent en vigueur pour aider les ambulanciers à surmonter la hausse de 40% en un an du prix du gazole. Une remise de 15 centimes par litre de carburant, et une enveloppe de 400 millions d'euros en faveur des professionnels du transport. Pour ce patron d'une entreprise d'ambulance de Tinténiac, le compte n'y est pas.

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Les ambulances sont dans la tourmente des hausses du prix du carburant. Et les aides du gouvernement ne semblent pas les rassurer.

Dès ce vendredi 1er avril, les professionnels du secteur bénéficieront comme une grande partie des Français d’une remise de 15 centimes d’euros par litre de carburant acheté. Et ce, jusqu’au 31 juillet. 

A cette aide s’ajoute une enveloppe de 400 millions d’euros  annoncée le 18 mars par le gouvernement en faveur des professionnels du transport. Elle devrait être débloquée dans les premiers jours d’avril d’après l’OTRE, l’organisation des PME du transport routier. A ce titre, les ambulanciers toucheront 300 € par véhicule.  

Surcoût de 5000 € chaque mois

Mais pour Lucas Bazin, responsable d’exploitation de l’entreprise Bôcher à Tinténiac, à 30 kilomètres au Nord-Ouest de Rennes, le compte n’y est pas. Le 1er avril a le goût d’une mauvaise farce.

Son entreprise possède 28 véhicules à moteur thermique (18 taxis, 5 véhicules sanitaires légers et 5 ambulances) et emploie 45 salariés. Alors quand le prix du carburant flambe, la note est salée. "La hausse des prix du carburant entraîne pour nous un surcoût total d’environ 5000 € chaque mois", analyse Lucas Bazin.

Pour ses 28 véhicules, l’entreprise Bôcher touchera 8 400 € (28 x 300€), de quoi compenser la hausse des prix à la pompe pendant moins de deux mois. Bien sûr à cela, s’ajoute les 15 centimes de remise, mais le responsable de la société reste soucieux.  

Le Covid, une période difficile pour les ambulanciers en campagne

Que se passera-t-il si le conflit en Ukraine, à l’origine de la flambée des prix, perdure ? D’autant que cette crise s’ajoute à deux années de Covid difficiles pour cette entreprise implantée en milieu rural.

"Les ambulanciers à Rennes et Saint-Malo ont moins souffert que nous à la campagne, poursuit Lucas Bazin. On a perdu 70% de notre activité pendant plusieurs mois car on transporte beaucoup de personnes, d’enfants pour des consultations de kiné ou d’orthophoniste par exemple. Et tout ça s’est arrêté pendant le Covid."

Refus de certaines courses à perte

Avec un gazole à plus de 2€ le litre, l’ambulancier avoue "refuser certaines courses puisque la sécurité sociale ne paie pas les kilomètres à vide pour aller chercher le patient." Et d'illustrer : "Le SAMU peut nous demander d’aller prendre en charge un malade à Rennes pour l’amener à l’hôpital. Les 30 kilomètres à vide entre Tinténiac et Rennes ne sont pas rémunérés. On sera juste payés sur les quelques kilomètres entre le domicile du patient et le centre hospitalier."

A ces coûts, s’ajoutent la hausse des prix des voitures (+6% en 2021 dus à la pénurie de semi-conducteurs) et celle des salaires de ses employés, revalorisés lors du Segur de la Santé. "Même si une augmentation de leur salaire est tout à fait justifiée, il faut bien trouver l’argent", tempère le dirigeant d’entreprise.  

Inquiet, il appelle de ses vœux une révision des tarifs auxquels l’assurance maladie rémunère les transports de soin. Comme une bouffée d’oxygène pour éviter l’asphyxie de la profession.

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