Sur des kilomètres, les poissons sont morts, l'eau est grise et mousseuse, l'odeur nauséabonde. Depuis le 30 août, la petite rivière de Quincampoix subit une pollution, due à une saturation de la station d'épuration de Melesse (Ille-et-Vilaine). Malgré les signalements, la pollution persiste.
"Là, il y avait des poissons morts, il y a une dizaine de jours, ventre en l’air", raconte Jean-Luc Herrouin, doigt pointé vers le Quincampoix.
Cette petite rivière, qui coule entre Melesse et Betton en Ille-et-Vilaine, est victime d'une pollution depuis le 30 août. Sur 5 km, des centaines de poissons sont morts.
Presque un mois plus tard, ce samedi 25 septembre, ils ne se distinguent plus mais la mousse mélangée à la couleur grisâtre de l'eau est toujours bien présente. Tout comme l'odeur pestilentielle qui s'en dégage.
Du poisson en abondance
Cette pollution préoccupe les riverains, les pêcheurs et les défenseurs de l'environnement. "On n’a pas l’habitude voir le ruisseau comme ça. Il est limpide, c’est quand même une rivière de première catégorie, se désole Jean-Luc Herrouin, de l'association Les Coquelicots de Betton.
"Il y a des pêcheurs à tout-va, il y a des truites, plein de poissons. Donc quand on voit ça, on a presque envie de pleurer. Surtout quand on apprend à quoi c’est dû."
La station d'épuration saturée
La station d’épuration de Melesse a rapidement été identifiée comme la source du problème. Dans un post Facebook, la mairie indique que l’usine de traitement "a subi un dysfonctionnement", suite un apport trop important d’eaux usées. Des rejets particulièrement pollués, provenant de l’entreprise Œuf du Breil.
La municipalité estime avoir pris les mesures nécessaires. "J’ai demandé à ce que le propriétaire de l’entreprise limite les envois en volume d’eaux usées dans le réseau et mette en place des contrôles physico-chimiques qu’il envoie" indique le maire, Claude Jaouen.
Un apport de 90 m3 de boues a été effectué entre le 17 et le 20 septembre pour renforcer le traitement bactériologique.
Une plainte déposée
Pour Eau et Rivières de Bretagne, ces mesures sont insuffisantes. L'association environnementale dénonce dans un communiqué une "désinvolture" de la collectivité, surtout dans des conditions de sécheresse. "Le département d’Ille-et-Vilaine est en vigilance sécheresse depuis le 2 septembre ; situation qui fragilise le bassin versant de l’Ille déjà très vulnérable aux pollutions", est-il écrit.
Eau et Rivières de Bretagne a décidé de porter plainte auprès de la police de l'eau.
"C’est quand même assez grave qu’une collectivité n’ait pas été capable de gérer cette pollution et qu’elle se soit maitenue depuis plusieurs semaines, regrette Pauline Pennober, animatrice de l'association.
"Il faut qu’il y ait une plus grande responsabilisation des collectivités sur leurs stations d’épuration qui sont aussi des pollutions récurrentes de nos cours d’eau. Il n’y a pas que les pollutions agricoles en Bretagne."
Selon l’association, seuls 3% des cours d’eaux de l’Ille-et-Vilaine sont aujourd’hui en bon état.