La Penzé, le Bélon, les pollutions d'origines agricoles dans les rivières se succèdent en Bretagne. Quelque 300 personnes ont répondu à l'appel d'un collectif de riverains et d'associations de défense de l'environnement ce samedi pour dénoncer les pratiques agricoles responsables de ces fléaux.
La dernière en date, c'est la pollution de la Penzé, près de Morlaix dans le Finistère, le 2 avril dernier. Ce sont les pêcheurs qui donnent l'alerte. Ce jour-là, en passant près de cette rivière où ils traquent le saumon depuis trente ans, ils repèrent de la mousse en surface et sentent l'odeur pestilencielle caractéristique du lisier stocké dans les élevages porcins. Immédiatement, plusieurs membres de la société de pêche locale se mobilisent. Ils réalisent qu'il s'agit d'un important écoulement de lisiers, en provenance d’un élevage de porcs.
300 personnes pour dire stop aux pollutions agricoles dans les cours d'eau
C'est la raison pour laquelle les manifestants ont choisi ce samedi de se donner rendez-vous sur ce petit fleuve côtier, à Taulé, dans le nord Finistère. Un rassemblement à l'appel du collectif de riverains baptisé "Penzé Polluée", avec comme sous-titre "Poison d'Avril", qui s'est rapidement monté suite à la pollution. Un appel relayé par les associations de pêcheurs, les associations environnementales, mais encore Europe écologie Les Verts ou l'UDB, l'Union démocratique bretonne. Ils étaient ainsi près de 300 rassemblés dans le petit village pour dire non aux pollutions, pour dénoncer "un modèle agro-industriel développé depuis des décennies et qui fait des ravages sur l'environnement et la santé".
Les scénarios se répètent : les mêmes règles pour l'agriculture que pour l'industrie
Des centaines de litres de lisier, les excréments des animaux d'élevages, qui se déversent dans une rivière, polluant en quelques heures des kilomètres de cours d'eau. Ce scénario tragique se répète en Bretagne ces derniers mois. Avant la Penzé c'était le Bélon, au mois de février, une rivière du sud-finistère, où la faune avait été décimée par une pollution, encore une fois au lisier. Auparavant, il y avait eu La Mignonne, Guisseny, Daoulas ou l'Elliant... Pour les associations qui défendent la qualité de l'eau en Bretagne depuis plus de 50 ans, les solutions doivent venir d'un changement de logique : certains élevages étant entrés dans des logiques industrielles, ils doivent avoir les même règles.
Un représentant de la Chambre d'Agriculture, installé dans le nord-Finistère, et joint au téléphone regrette ces accidents, qu'il considère comme des cas isolés. Pour lui, certains exploitent ces événements à des fins politiques à l'approche des élections régionales.