Le transfert est terminé. Euro-Shelter qui construit des unités mobiles à vocation militaire a déménagé à proximité de Stellantis, sur le site de la Janais dont les collectivités veulent conserver la vocation exclusivement industrielle
C’est un bâtiment de 6000 m2 à l’arrière de chez Stellantis sur le site de La Janais, à Chartres de Bretagne, et c’est là que l'entreprise Euro-Shelter vient de terminer son implantation.
L'entreprise rennaise, filiale du groupe Toutenkamion, travaille essentiellement pour le monde de la Défense. Ses ingénieurs, techniciens, ouvriers, conçoivent et produisent des unités mobiles en aluminium, qui auront pour vocation d’abriter des "postes de commandements", des "plateformes radars", ou des "unités médicales". Ces "shelter", "abri" en français, seront utilisés par l’armée française, ou des armées étrangères.
Le carnet de commandes est plein
Le carnet de commande ne cesse de se remplir. "Nous avons des perspectives jusqu’en 2024. Aux quatre coins du monde, les armées se rééquipent, les technologies évoluent, et on cumule ces deux signaux pour développer notre activité, souligne Benoît Le Lay, le directeur général d'Euro-Shelter
"Le travail est minutieux. Nos abris doivent être totalement hermétiques. Il faut faire en sorte que les ondes ne s’éparpillent pas, pour ne pas se faire repérer, et que l’ennemi réussisse à perturber le signal."
Euro-Shelter fabrique une cinquantaine d'unité mobiles chaque année.
Héritière des Arsenaux rennais où l’on fabriquait jadis des munitions, l’entreprise de 39 salariés, rachetée par le groupe Toutenkamion était basée jusqu’ici sur le secteur de La Courrouze, mais dans des bâtiments à la fois gigantesques et vétustes, "où l’on chauffait surtout les oiseaux", relève Benoit Le Lay.
"Avec ce transfert à la Janais, nous divisons la surface de nos locaux par deux, mais on a gagné au change", poursuit le Directeur général d'Euro-Shelter. "Le bâtiment, même s’il date des années 60, est beaucoup plus propice à nos activités. Et nous avons investi un million d’euros (pour un chiffre d’affaire de 7 millions) pour le réaménager et rendre notre production plus efficace, avec un robot de soudure très performant".
Dans son nouveau bâtiment, Euro-Shelter envisage aussi la production d’un nouveau concept de véhicule utilitaire léger (3 tonnes 5). A vocation civile cette fois. L'entreprise devrait recruter de nouveaux salariés d'ici la fin 2022.
"Il faut conforter la vocation industrielle de la Janais"
Le déménagement d'Euro-Shelter a été encouragé par les collectivités. Présents à l’inauguration le 3 mai, Loïg Chesnais-Girard et Nathalie Appéré, le président du Conseil régional et la maire de Rennes, rappellent leur volonté de réindustrialiser le site de La Janais, qui depuis 2015 n’est plus occupé dans sa globalité par Stellantis, ex-PSA.
"Ce site est emblématique de l’histoire industrielle de la ville, souligne la maire de Rennes. "Nous voulons lui garantir un avenir en facilitant l’implantation d'entreprises, autour de deux spécificités, la mobilité décarbonée et le bâtiment durable. Ce Pôle d'excellence industrielle offre un écosystème idéal pour leur développement, tout en répondant aux enjeux de réindustrialisation et d'accélération de la transition écologique."
"Il y a encore des espaces disponibles, l’usine n’est plus aussi vaste qu’il y a 20 ou 30 ans, appuie Loïg Chesnais-Girard. "On aurait pu y implanter de la logistique ou des bureaux, mais on privilégie l’industrie, Pour que les ouvriers de demain trouvent de l’emploi. Il y a déjà eu le technicentre SNCF ou B3 Ecodesign, d’autres suivront"
"Pour implanter ces entreprises, l’idéal est consommer des espaces déjà urbanisés, comme c’est le cas ici. Et je dis aux industriels qui cherchent des emplacements à côte de lignes ferroviaires, pour aller par exemple rejoindre les ports de St Malo ou Brest, qu'il y a plein d’endroits en Bretagne. Et notamment ici dans la métropole rennaise", termine le président de Région.