La Cabine de Pages avec Benjamin Dierstein "J'ai voulu adapter les classiques du western dans la Bretagne "d'en-dessous"

Benjamin Dierstein dirige un label musical à Rennes mais est aussi un auteur de romans noirs très remarqués. Le troisième vient de sortir: un western moderne déjanté qui se déroule quelque part en Centre-Bretagne, oscillant entre absurde, burlesque et fantastique dans une ambiance assez alcoolisée!

Pour retrouver Benjamin Dierstein, nous aurions aimé trouver à Rennes une friche, un endroit un peu atypique, marginal à l'image des décors de son dernier roman "Un dernier ballon pour la route" (Les Arènes-Equinoxe). "J'aime vachement moins le Rennes de maintenant. Avant il y avait des lieux en friche que j'aimais beaucoup comme St-Martin ou la plaine de Baud qui étaient des lieux soit assez festifs soit assez sauvages, un peu décalés qui maintenant sont rasés et remplacés par des énormes immeubles. Mais le Rennes d'avant que j'ai connu quand j'étais jeune, c'était assez sauvageon, assez anti-establishment."

C'est finalement au Thabor que la Cabine de Pages s'est installée pour cette rencontre d'un des auteurs considéré comme l'un des plus prometteur du roman noir, après deux premiers opus remarqués par la critique et les lecteurs, La sirène qui fume (Points) et La défaîte des idoles (Points). 

« Un dernier ballon pour la route » se déroule quelque-part en Centre-Bretagne. Le lecteur suit Freddie, un ancien flic et son copain Didier, ancien militaire sur la piste d’une enfant kidnappée. Un road trip déjanté qui les ramène dans le village où a grandi Freddie, un western modern. 

"C'était l'idée d'adapter les classiques du western traditionnel américain dans cette espèce de France d'en bas ou plutôt de Bretagne d'en-desssous, tellement on en parle peu médiatiquement. Cette Bretagne des bistrots dans les bleds de Centre-Bretagne, les zones périphériques, les zones commerciales, les squatts, toute cette France qu'on ne voit pas trop à la télé."

Le récit navigue entre le fantastique, l’invraisemblable mais aussi l’absurde, le burlesque. "Ma manière de travailler quand j'écris, c'est de partir de documents de base sur lesquels pendant 3 ou 4 voire 5 ans, j'ai écrit des tas d'idées qui me passent par la tête, que ce soient des idées de scènes, de personnages ou de blagues. Un melting-pot de choses complètement différentes à partir desquelles j'essaie de construire une histoire en mettant tout ça dans des cases et ça fait une espèce de feu d'artifice particulièrement pour ce bouquin-là. Des choses qui parfois sont complètement absurdes."

Comme beaucoup d'écrivain, j'aime profondément mes personnages même les pires.

Benjamin Dierstein

L'auteur ne s'interdit donc rien et ses héros survivent à tout, à la violence, même aux quantités impressionnantes d’alcool qu’ils ingurgitent. Chaque chapitre débute par un proverbe de bistrot… "J'ai beaucoup fréquenté les bistrots, jeune ou récemment. J'aime beaucoup les ambiances que l'on peut avoir dans les bistrots, dans les vrais bistrots, ceux qui ne sont pas des bars aseptisés comme on en voit fleurir de nos jours surtout en zones urbaines. Dans les "rads" qui restent encore dans certains quartiers heureusement et puis à la campagne, il y a souvent une étincelle de vie assez magique."

Benjamin Dierstein propose ainsi une galerie de personnages tous plus marginaux les uns que les autres, dans un contexte de violence certes mais dans lequel l'émotion n'est pas absente... "Comme beaucoup d'écrivain, j'aime profondément mes personnages même les pires. Et à partir du moment où on aime ses personnages, on crée forcément un mimimum d'émotions pour le lecteur."

Pour les jeunes lecteurs

« Mes premières chansons d’Henri Dès version Métal », Emilie Collet et Aurélie Guillerey, Gründ Voilà un des derniers titres de cette collection de petits livres musicaux publiés chez Gründ. Et sachez que derrière cette série qui existe depuis 2014 se cache une rennaise, Emilie Collet, musicienne et auteur. Et les illustrations sont aussi d’une autre rennaise Aurélie Guillerey. Avec des mélodies qui rappelleront sûrement de bons souvenirs aux parents…

Mozart vue par une ado et par son chat, Tristan Pichard, Poulpe Fictions. La vie de Mozart comme si vous y étiez, c’est ce que propose ce roman signé par le breton Tristan Pichard, Mozart vue par une ado et par son chat … Vous suivrez Esther qui vous fera découvrir son virtuose préféré entre dessins, images d’archives et anecdotes amusantes… 

La carte postale du libraire 

Guillaume Arditti de la librairie Fracas à Lorient a choisi Pleine de grâce de Gabriel Cabezon Camara (Editions de l'Ogre).

"C'est un roman argentin qui se passe dans les Favelas argentins qui raconte une histoire d'amour entre une journaliste et un travesti qui avant se prostituait et qui maintenant fait des miracles en discutant avec la vierge. C'est complètement foutraque comme pitch mais c'est vraiment à l'image du livre qui est assez punk. A la fois très très littéraire avec une superbe traduction. C'est une vraie rencontre littéraire, je recommande énormément."

Le livre de l’été

Le méridien du sang de Cormac McCarthy

"J'ai pris un de mes grands classiques qui est assez estival car il fait très chaud. Cela se passe à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. C'est un western pur jus, très sauvage, très violent et surtout avec une forme assez intense. Il peut y  avoir des phrases sans points avec des "et" partout pendant une page. Les dialogues sont intégrés. Tout est vue d'une manière défocalisée, c'est très froid, très novateur en terme de forme comme la plupart des bouquins de Mc Carthy."

Le rendez-vous conseillé par Livre et Lecture en Bretagne.

Les Mystériales, le Salon des littératures populaires et de l’imaginaire se déroulera le 21 août dans le cloître de l’ancienne abbaye Saint-Sauveur, au cœur de Redon, en Ille et Vilaine, avec une quarantaine d’auteurs invités.