"Laissez-nous danser !" Cri du cœur en discothèque juste avant la nouvelle fermeture

Le disque à peine sur la platine, la piste de danse se remplit. "Laissez-moi danser, laissez-moi danser, chanter en liberté, aller jusqu’au bout du rêve." La chanson de Dalida résonne, comme jamais, dans la boite et dans les esprits. Ce 10 décembre, en raison de la cinquième vague du Covid-19, les boîtes de nuit ont fermé leurs portes pour quatre semaines minimum. Derniers instants de musique et de fête au Gossip à Vitré.

"Laissez-nous danser". A l'invitation du DJ, des dizaines de voix s'élèvent dans la boîte de nuit. La chanson de Dalida se transforme en cri du cœur. Car le cœur, tous l'ont un peu lourd. 

Depuis le début de la semaine, le moral de Carl Hautbois, le co-gérant du Gossip à Vitré, oscille entre colère, incompréhension, indignation. L’annonce de la fermeture des discothèques ce vendredi matin le met en rage. Il est passé par tous les sentiments, exceptée la résignation. "Le combat recommence, promet-il. On va se battre."

Carl Hautbois ne cherche pas à cacher pas son inquiétude.  

En mars 2020, on nous avait fermés pour 15 jours, ça a duré 18 mois.

Carl Hautbois, co-gérant du Gossip

La boîte n’a rouvert qu’à la fin de l’été. "Refermer après 3 mois et demi, ça va être compliqué pour les trésoreries, analyse-t-il. Le mois de décembre, c’est 20% du chiffre d’affaires. Pour les 1 300 discothèques françaises, cela va être une épreuve économique et une nouvelle épreuve morale."

"Il faut que la jeunesse vive." 

Sur la piste, Jules fait contre mauvaise fortune, bon cœur. "C’est l’une des dernières soirées qu’on fait parce qu’après ça ferme, alors, on en profite. Mais évidemment, on est tristes." 

"On est étudiants, on a des petits appartements, donc se retrouver à 25, c’est impossible" explique Romaric. "Les boîtes, c’est un lieu de rencontres, où on se fait plaisir" insiste Ghislain. Certains iront travailler ce vendredi, mais ils ne voulaient pas rater cette dernière occasion de faire la fête. 

Derrière son bar, Télile, la barmaid, envoie les derniers cocktails. Elle ne sait pas quand elle va retravailler. Elle s’inquiète pour elle, et pour ses jeunes clients "avec tout ce qu’ils ont vécu, ils ont vraiment besoin de se retrouver, de faire la fête.

Toujours les mêmes ?

Amy s’interroge. "Je ne comprends pas, on nous a incité à nous faire vacciner en nous disant que comme ça, on pourrait retourner ne boite. On est tous vaccinés, on va avoir la troisième dose et en fait, on ne peut plus y aller." " En vrai, c’est toujours les boite de nuit qui ferment, s’agacent Ryann et Elias, le métro lui, il reste ouvert. En classe, au boulot, les gens enlèvent souvent le masque. Le gouvernement veut peut être notre bien, avec le nouveau variant, c’est compliqué mais on ne comprend pas bien."

Anthony, patron d’un bar à Fougères est passé soutenir le Gossip. Il partage l’incompréhension des jeunes et du gérant. "Ils ont les contrôles les plus stricts. Pour rentrer, il faut montrer patte blanche. Pass sanitaire, puis pièce d’identité. Faut pas oublier que ce sont des entreprises. Je suis peiné pour eux."

Un dernier tour de piste

Avant que les lumières et la musique ne s’éteignent, sous la boule à facettes, les bras se lèvent pour dessiner les lettres de YMCA. Les Village People offrent les derniers instants de musique.

"Tous les clients viennent me dire au revoir, souffle Carl Hautbois, c’est plein d’émotions."

Lundi, il repart au combat pour que la fermeture soit la plus courte possible.

Depuis le début de la crise sanitaire, 300 discothèques ont définitivement mis la clé sous la porte.

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