Moins connu, le don de plasma, prélevé dans les différentes maisons de santé de Bretagne, sert à fabriquer des médicaments essentiels pour certains patients. Or, la France est loin d'être auto-suffisante dans le domaine. D'où la campagne de l'Etablissement français du sang pour inciter la population à donner.
Un don devenu une habitude. À 20 ans, Éléanor n'en est pas à sa première visite, à la maison du don de Rennes. Suite à la sensibilisation de ses parents, ce rendez-vous est devenu incontournable. "J’ai voulu donner mon plasma parce qu’on m’a dit que mon groupe sanguin était important. Si ça peut aider des gens, je les aide. Le don de plasma, c’est quelque chose que j’aime bien faire, même si ça prend du temps."
En effet, le don de plasma, moins connu que le don de sang, est particulier, demandant 1h30 au total. Il consiste à séparer les différentes composantes. Seul le plasma, la partie liquide du sang, est prélevé. Le reste est réinjecté. Riche en protéines, le plasma est utilisé pour les maladies du sang, du système immunitaire ou neurologique, sous forme de médicaments.
Chaque année 500 000 personnes qui ont besoin de médicaments dérivés du plasma.
Bruno DanicDirecteur régional de l’EFS Bretagne
Les besoins sont de plus en plus importants, rapporte Bruno Danic directeur régional de l’EFS. "On estime qu’en France, il y a chaque année 500 000 personnes qui ont besoin de médicaments dérivés du plasma. Or, si nous sommes autosuffisants en produit sanguin, ce dont on parle habituellement, nous ne le sommes pas pour le plasma. Le plasma collecté en France ne couvre que le tiers des besoins des patients dans les hôpitaux français."
Les deux autres tiers proviennent actuellement des États-Unis, où le don est rémunéré. "C’est la raison pour laquelle en Europe et en France en particulier, il y a la volonté, de beaucoup moins dépendre des Etats-Unis [...] Un grand plan d’action est mené en France pour que dans les quatre ans qui viennent, on multiplie par trois les dons de plasma."
Le directeur de l'EFS explique : "Le plasma permet de préparer des médicaments, comme les immunoglobulines, qui sont utilisés dans les maladies du système immunitaire. Pour certains patients qui ont des maladies immunitaires qui touchent le système nerveux, ils ont besoin de ce traitement à vie, à raison de perfusion toutes les trois semaines." Pour un seul de ces patients, "chaque année, il faut l’équivalent de 600 dons de plasma".
Le don de plasma, un sentiment de "fierté" et "d'utilité"
L’enjeu de souveraineté sanitaire est donc un moteur pour mobiliser de nouveaux volontaires, comme Corentin, donneur régulier depuis ses 18 ans. L’idée est venue d’un pari avec un ami de donner leur sang ensemble. Six ans plus tard, les deux compères donnent régulièrement. "J’ai commencé sur beaucoup de dons de sang, mais suite à une incapacité de ma part de donner mon sang, on m’a proposé un créneau pour donner mon plasma", explique Corentin.
"Au final, on se rend compte que 1h30 de notre temps à nous peut permettre aux personnes dans le besoin de poursuivre leur vie", ajoute-t-il. Ça lui procure un sentiment de "fierté" et "d’utilité".
Joachim, 46 ans, agriculteur dans le secteur de Fougères, est l'un des bénéficiers de ces traitements à base de plasma, nécessaires pour poursuivre une vie normale. "J’ai une greffe des poumons. Je prends des immunosuppresseurs pour éviter le rejet du greffon. Et de ce fait-là, ça m’arrive parfois de faire des infections, à cause du manque d’immunité. Pour pallier à ça, on m’injecte une fois par semaine des immunoglobulines pour éviter une infection des bronches et des poumons."
À ce jour, l'objectif est de multiplier par trois les dons d’ici à quatre ans, afin de couvrir la moitié des besoins en France. Bruno Danic rappelle qu'on peut donner son plasma toutes les deux semaines si on le souhaite. "Nous avons besoin de donneurs qui donnent plus régulièrement."
Avec krystel Veillard / FTV