"On ne fait que perpétuer les gestes des anciens", quand les plantes sauvages médicinales reviennent à la mode

L'utilisation des plantes sauvages médicinales fait partie des recettes de grand-mère pour apaiser les maux du quotidien. En tisane ou en huile de massage, elles ont retrouvé leur place dans nos pharmacies. Nigèle Bole, formée à l'école des plantes de Paris, évoque leurs propriétés bénéfiques pour la santé.

Quand on accompagne Nigèle Bole en promenade, c'est comme si l'on feuilletait un herbier au fil des chemins. Diplômée de l'École des plantes de Paris, cette Rennaise a suivi une double formation de botanique et de spécialisation en plantes médicinales, avec un cursus supplémentaire en aromathérapie.

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Un formidable apprentissage qu'elle ne cesse de perfectionner en participant régulièrement à des stages. C'est à la retraite qu'elle a décidé de se consacrer à ce domaine, pour renouer avec ses racines campagnardes et proposer des découvertes à son entourage.

Ma grand-mère me disait : "va me chercher de la doucette pour les lapins, du pissenlit pour la salade". Mon enfance a été baignée dans cet univers.

Nigèle Bole

Botaniste

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Sans hésitation, penchée vers le sol, la septuagénaire identifie guimauve, ortie, souci des jardins, camomille, mélisse, valériane, plantain. "Chaque plante son aspect, chaque plante ses propriétés !" précise-t-elle.  " Mais si ces plantes médicinales autrefois appelées "les simples", peuvent soulager des petits bobos bénins, il convient d'être très prudent car les principes actifs que certaines contiennent, peuvent s'avérer toxiques voire mortels en cas d'utilisation erronée ou prolongée. Ce n'est pas parce que c'est naturel que c'est sans danger !" De ces variétés, Nigele connaît tous les noms en français et en latin, toutes les caractéristiques, familles, genres et espèces: une vraie encyclopédie.

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C’est en fin de matinée, par temps sec, au moment où la rosée se dissipe qu'il faut se mettre en quête. "La récolte dans la nature nécessite certaines précautions. Il faut faire attention aux déjections canines et à toute source de pollution. Éviter les bords des routes ou les lisières de champs à cause des pesticides, bien connaître la législation qui réglemente les récoltes, certaines plantes étant protégées ou interdites à la cueillette, afin de préserver les ressources, ramasser juste ce dont on a besoin". 

Il n'y a qu'à regarder les animaux. D'instinct, ils savent encore trouver des plantes qui les soulagent.

Nigèle Bole

Botaniste

"C'est un savoir ancestral qui depuis toujours, nous lie à la nature. On ne fait que perpétuer les gestes des anciens. Bien avant la création des jardins de simples, les jardins médicinaux, qu'on retrouve encore dans les monastères et les abbayes. C'est depuis le début de l'humanité que ce savoir nous accompagne" souligne-t-elle.

Fleurs, feuilles, racines, graines : des vertus à tous les étages

Avec les plantes sauvages, il faut suivre le rythme de la nature. Au printemps, ce sont les jeunes feuilles qu'on récolte, puis les fleurs en été et enfin les fruits, les graines et les racines à l’automne. Il faut suivre le cycle de la plante.

Avec les plantes sauvages, il faut suivre le rythme de la nature. Au printemps, ce sont les jeunes feuilles qu'on récolte, puis les fleurs en été et enfin les fruits, les graines et les racines à l’automne. Il faut suivre le cycle de la plante. L’organe végétal récolté sera différent en fonction des plantes : racines, écorces , bourgeons, plantes entières, feuilles, sommités fleuries, capitules, fleurs, fruits, graines… Par exemple, pour la récolte des racines de pissenlits ou de guimauves, on attendra l’automne, quand la partie aérienne se dessèche et que les principes actifs se concentrent dans les parties souterraines. On pourra récolter aussi des boutons floraux avant l’épanouissement de la fleur comme pour la rose. Pour le fenouil ou la coriandre ce sont les graines que l’on utilisera. Toutes ces plantes pourront être bénéfiques pour l'organisme.

 

Toute cette science presque innée dans nos campagnes autrefois est désormais enseignée par les adeptes d'une médecine douce. Mais la pratique est encadrée et réglementée. "Toutes les plantes ne sont pas en vente libre. Un décret d'application d'août 2008 désigne une liste de 148 plantes libres à la commercialisation hors du monopole pharmaceutique."

Un usage réglementé

Nigèle utilise sa cueillette pour son usage personnel, mais pour qui veut installer un commerce, les lignes sont bien définies. Depuis 1941, le métier d'herboriste a disparu. Le domaine de la phytothérapie est donc majoritairement confié aux pharmaciens. Parfois, ceux-ci se forment ou font appel à des spécialistes pour conseiller leur clientèle.

Les enseignes de vente de plantes médicinales et de tisanes ne peuvent proposer que des produits non transformés issus de cette fameuse liste de plantes libérées, sans indiquer de posologie, sans donner de conseils de santé, que seuls les pharmaciens peuvent délivrer."

Tisanes, huiles de massage, les conseils de la botaniste

La dissolution des plantes peut se faire dans l'eau, dans l'alcool ou dans un corps gras selon les différentes préparations. Produit le plus traditionnel, la tisane n'a aucun secret pour Nigèle. Le matin, on peut boire une infusion de thym et de romarin ou d’origan, un mélange de fenouil, menthe poivrée après le repas et le soir, une tisane réconfortante à base de tilleul, verveine, mélisse et lavande. Les tisanes sont aussi associées aux saisons. L’hiver, une infusion de thym, de reine des prés seront  les bienvenues .

La botaniste organise des ateliers  et des sorties dans la nature pour partager son savoir sur les plantes. Elle enseigne également la préparation d'huiles de massage. "L’huile de pâquerette est recommandée pour tonifier le buste. L’huile de calendula recommandée  pour les peaux sensibles"  explique-t-elle. 

Elle enseigne également la préparation d'huiles de massage. "L’huile de pâquerette est recommandée pour les chocs, c'est un peu comme l’arnica. L’huile de millepertuis convient pour les irritations cutanées. Pour la peau des bébés, l'huile de calendula, (souci sauvage) calme rougeurs et irritations." Nigèle est intarissable.

"Dans ma famille, on me traite parfois de sorcière. Mais aujourd'hui, il y a un vrai engouement pour les plantes médicinales .

Nigèle Bole

Botaniste

" La consommation de plantes médicinales sous différentes formes est en pleine expansion .La médecine traditionnelle et la médecine douce ne sont pas rivales mais complémentaire. La reconnaissance de cette médecine douce grâce aux plantes, permettrait dans un cadre légal, sans outrepasser notre rôle, de donner plus de conseils lors de la vente" constate-t-elle.

Chaque région est un terreau spécifique pour les plantes sauvages. En Bretagne, pas de plantes du soleil mais quelques spécificités comme les ajoncs, ou bien les bruyères et les callunes, réputées pour calmer les douleurs dues aux infections urinaires. Et aux bords des sentiers, la piquante ortie, l'odorant ail sauvage ou l'achillée au parfum légèrement camphré, ne sont que quelques échantillons de ce que la nature offre à qui sait l'observer et l'apprivoiser.

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