En novembre dernier, les parents d'Ylonna sont alertés par leur nourrice. Âgé de trois mois, leur bébé régurgite chez elle un ver, de quelques centimètres. Selon eux et leur médecin, le lait infantile dont elle se nourrissait serait en cause. Ils ont décidé de porter plainte.
"Pendant trois semaines, on n'a pas vécu". Elodie, la mère d'Ylonna raconte son mois de novembre 2019. Sa fille alors âgée de trois mois développe des symptômes, sans raisons apparentes. Elle connaît d'abord une forte poussée de fièvre à 41° puis descend à 35°. Elle perd l'appétit, passant d'un biberon par jour au lieu de cinq. Ses parents s'inquiètent, vont plusieurs fois aux urgences et chez leur médecin. On leur conseille de varier l'alimentation, peut-être que l'enfant n'aime plus le lait. Cela ne passe toujours pas.
Un ver regurgité
Le 18 novembre, Elodie va chercher sa fille chez la nourrice. Cette dernière, embarrassée, lui explique qu'Ylonna a recraché un ver. Ce dernier a atterri sur son bavoir. Elle lui présente un mouchoir. Elodie regarde ça à la loupe. "Cela bougeait encore" explique-t-elle. Elle se rend directement chez son généraliste. Son médecin dit n'avoir jamais vu ça. Ce ver ne vient pas du corps humain. Elle est envoyée en pédiatrie à Saint-Malo. Plusieurs examens seront réalisés : sur le ver, les selles de l'enfant, le lait aussi. Il s'agit d'un ver parasite adulte. Trois jours après l'avoir recraché, Ylonna se remet à manger comme à son habitude.
Une plainte contre Gallia
Elodie a déposé plainte ce mardi 25 février, pour intoxication alimentaire, contre la marque Gallia (Galliagest premium 0 - 6 mois). C'était le seul lait bu par leur fille à l'époque des faits. "On ne dépose pas plainte pour avoir des dédommagements, c'est surtout pour ne pas que cela arrive à d'autres enfants." D'autres parents, basés en région parisienne ont vécu la même situation, pendant des vacances dans le Puy-de-Dôme début février et ont pris contact avec Elodie. Ils ont déjà porté plainte il y a une semaine. Ils ont donné leur boîte de lait, à expertiser."Eux ont trouvé la larve vivante, dans la boîte de lait en poudre, de la même marque et même gamme que celle d'Ylonna." Également contactée, cette famille a fait une vidéo dans laquelle on voit effectivement un ver noir remuer.
Stéphanie B.
"De savoir que nous n'étions pas les seuls concernés, ça nous a incité à aller plus loin", précise Elodie. Avec son médecin, elle aurait souhaité faire des analyses plus poussées du ver incriminé mais celui-ci a été détruit à l'hôpital de Saint-Malo.
La réponse du groupe agroalimentaire
Le lait infantile Gallia est fabriqué par le groupe agroalimentaire français Danone. "En l'état des informations à date transmises et sans que les boîtes de lait ne nous aient été retournées pour analyse, plusieurs hypothèses peuvent expliquer la présence d'un insecte : les conditions de transport, de stockage en entrepôt, de conservation, etc.", a déclaré la directrice financière de Danone, Cécile Cabanis, lors d'une conférence de presse organisée pour présenter les résultats annuels du groupe.
"En ce qui concerne la chaîne de production, nous rappelons que la poudre de lait ne transite pas à l'air libre. Elle chemine dans des tuyaux fermés et est conditionnée sous atmosphère protectrice avec moins de 2% d'oxygène, rendant de fait impossible la survie d'un organisme vivant dans ces conditions", a-t-elle ajouté.
Dans un communiqué, le groupe indique : "Nous tenons à rappeler que ce type d’incident est extrêmement rare compte tenu des millions de boîtes de lait que nous distribuons et qui sont consommées chaque jour. Aujourd’hui, rien ne permet d’indiquer que les différents cas reportés ces dernières semaines sont liés. Il s’agit de cas très rares et indépendants entre eux, avec des lots et des circuits de distribution différents."
Et d'ajouter : "Nous prenons chacun de ces cas très au sérieux, et comprenons l’inquiétude des parents, étant nous-mêmes pour la plupart parents. Nous nous tenons à leur disposition pour répondre à toutes leurs interrogations."
"Pour moi, même si c'est un entrepôt, cela reste de leur responsabilité" confie Elodie. "On aimerait savoir quelles actions ils ont menées exactement depuis que nous avons fait ces découvertes."