"La gestion de la crise est déplorable" : la journée de deuil national en hommage aux sinistrés à Mayotte marquée par la frustration de la communauté

La communauté mahoraise de Toulouse s’est réunie ce lundi 23 décembre place du Salin pour rendre hommage aux victimes du cyclone Chido en cette journée de deuil national. Partagés entre tristesse et colère, beaucoup de participants regrettent une aide insuffisante de la part de l’État français.

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Les drapeaux sont en berne place du Capitole à Toulouse ce lundi 23 décembre. En ce jour de deuil national en hommage aux sinistrés mahorais, un rassemblement était organisé place du Salin. 

Une minute de silence a été observée à 11 heures avant la reprise de la Marseillaise par la cinquantaine de participants, issus principalement de la communauté mahoraise. Tous viennent rendre hommage aux victimes du cyclone Chido qui a balayé l’île de Mayotte le 14 décembre dernier. 

Anique Attoumane, étudiante à Toulouse, ne comptait pas rater ce rassemblement. Toute sa famille vit au nord de Mayotte, la partie de l’île la plus touchée. Elle se montre très inquiète face aux événements. "Cette catastrophe nous atteint profondément. Nos familles ont besoin de nous et nous sommes avec elles de tout cœur. Je me sens impuissante quand ils me disent qu’ils n’ont pas d’eau ni d’électricité", souffle-t-elle. 

En colère face à la gestion de l’État 

Si le sentiment de tristesse domine, beaucoup de Mahorais évoquent également une certaine colère envers l’État français. Ils estiment que l’aide apportée à Mayotte est insuffisante et trop tardive. "C'est un département français. L’Hexagone doit prendre ses responsabilités. On nous dit tout le temps qu’il va y avoir des aides mais il ne passe rien sur place. Pour moi, il n’y a pas assez de prise en charge, c’est inadmissible”, déplore Anique Attoumane. 

Elle critique une injuste répartition des aides et des dons qui seraient selon elle trop dirigés vers la principale ville de l'île, Mamoudzou, oubliant ainsi des pans entiers de Mayotte.

Cette frustration est partagée par de nombreuses personnes du rassemblement comme Sandra Ibrahim, dont la mère vit à Mayotte. "Son toit est complètement détruit. Elle n’a pas d’électricité, pas d’eau. Où est cette aide dont on nous parle partout ? Pourquoi on ne met pas les moyens suffisants ? La gestion de la crise est déplorable", pointe cette Mahoraise qui vit à Toulouse depuis dix ans. 

La mairie de Toulouse a débloqué des fonds

La cérémonie s’est tenue en présence d’élus de la métropole dont Marion Lalane-de Laubadère, première adjointe au maire de Toulouse. Face à l’ampleur de la catastrophe et aux besoins sanitaires conséquents, Toulouse Métropole a débloqué une aide de 20 000 euros pour venir en aide aux populations sinistrées. 

"Nous entendons cette colère. Elle est normale et naturelle car ils viennent de vivre un drame absolument épouvantable. Au nom de Toulouse, nous nous tenons très clairement aux côtés des Mahorais et nous avons bien l’intention de rester auprès d’eux", assure Marion Lalane-de Laubadère. 

Au-delà de l'aide financière, Toulouse Métropole a mis à disposition la salle Potier située 128 route d’Espagne pour collecter tous les dons financiers ou matériels des Toulousains.

“Il y a besoin de tout. Pas seulement de vêtements mais aussi de produits d’hygiène et d’entretien”, précise Marion Lalane-de Laubadère, tout en assurant que les collectivités travaillent avec les collectifs et associations mahoraises pour "faire du très concret" et venir en aide aux sinistrés.

Propos recueillis par Christophe Neidhardt. 

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