L'usine Lactalis de Retiers en Ille-et-Vilaine et la société SPX étaient jugées mardi pour la pollution de la Seiche découverte en août 2017. Des amendes ont été requises.
250 000 euros d'amende ont été requis à l'encontre de Lactalis et 50 000 euros contre la société SPX. Les deux entreprises comparaissaient à Rennes, à la suite d'une pollution dans la Seiche, découverte en août 2017 par un pêcheur. Cette pollution due à des rejets de lactose a provoqué la mort de milliers de poissons.
"Pourquoi on n'a pas arrêté avant ?"
Six associations environnementales se sont portées parties civiles pour ce procès. Elles espèrent que les entreprises écoperont d'une peine exemplaire. Pour eux, l'incompréhension demeure sur la durée de la pollution, une dizaine de jours. "À partir du moment où on a fait un signalement, où la police de l'eau intervient, interpelle la société, en expliquant que le rejet n'est plus adapté, trop chargé en matière organique et que les poissons commencent à mourir. Les premiers jours quand on alerte il n'y a que quelques poissons, on finit par plusieurs tonnes. Moi je me demande pourquoi on n'a pas arrêté avant."se demande Brieuc Le Roc'h, de Eaux et Rivières de Bretagne
Du côté des mis en cause, les deux entreprises se rejettent la faute. Maître Arnaud Buisson-Fizellier, avocat du Groupe Lactalis n'a aucun doute "responsabilité civile, environnementale oui nous l'assumons c'est un fait. Responsabilité pénale, implication avec l'infraction en aucun cas nous ne sommes responsables pénalement. C'est bien SPX."
"On a vécu ce combat de coqs" regrette Jérémy Grandière de la Fédération de pêche d'Ille-et-Vilaine tout en soulignant "ces amendes sont justifiées". "Ce qui me surprend encore c'est qu'il y a eu une négligence énorme. Ces entreprises ont investi 46 millions d'euros pour cette nouvelle ligne de production de lactose, sans jamais prendre conscience des questions d'assainissement et d'épuration. C'est quand même aberrant qu'en 2019, des entreprises aussi importantes ne pensent pas au devenir de ses déchets."
"Quand on pose la question à Lactalis, pourquoi les rejets ont duré si longtemps, ils répondent qu'une laiterie ne se stoppe pas comme ça. Cela veut dire que sur les territoires où il y a des laiteries, on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête."
Jérémy Grandière rappelle qu'en Ille-et-Vilaine, 7 % des masses d'eau sont saines.
Le jugement sera rendu le 7 mai prochain.