Le patron de la Bac (Brigade anti-criminalité) de Rennes était jugé hier pour violences volontaires par une personne dépositaire de l'autorité publique, pour faux en écriture et fausse dénonciation, suite à une interpellation en mai 2017. 10 mois de prison avec sursis ont été requis contre lui.
L'affaire remonte au 5 mai dernier. Dans le quartier Sarah Bernhardt à Rennes, une brigade anticriminalité patrouille. Elle tombe sur un trafic de drogue présumé. Elle décide de mener une série d'interpellations. L'un des présumés trafiquants prend la fuite, le patron de la BAC le prend en chasse et l'interpelle dans un bar. C'est ensuite qu'il lui aurait donner un coup de genou dans le visage, "de manière intentionnelle", selon le procureur de Rennes, or le jeune homme opposait au policier une "résistance passive", selon les termes de la présidente du tribunal correctionnel tenus ce jeudi soir, lors du procès.
J'ose pas imaginer ce qui me serait arrivé, s'il n'y avait pas eu les caméras de surveillance
La vérité a pu être rétablie, car la scène a été filmée par une caméra de suveillance. La vidéo montre bien la scène de violence du policier envers le jeune de 23 ans, connu pour des petits trafics de drogue. Les deux hommes se connaissaient bien. La victime explique qu'elle a fui parce qu'elle a eu peur du patron de la Bac, "j'ose pas imaginer ce qui me serait arrivé, s'il n'y avait pas eu les caméras de surveillance".
J'ai été un mauvais flic
Fonctionnaire depuis près de 30 ans, formateur, le policier a également reconnu que le procès-verbal d'interpellation contenait des éléments faux. Il avait le jour même porté plainte pour violences contre l'interpellé. "Cette affaire est de nature à ternir l'image" de la police et "à obérer la confiance" à son endroit, a fait valoir le procureur de la République.
"La procédure pénale repose avant tout sur la confiance" entre policiers et magistrats. C'est pourquoi "quand un, faillit, ma responsabilité est d'engager des poursuites
pour faire en sorte que les choses soient dites de manière transparente", a souligné le magistrat qui avait saisi l'IGPN, considérant que le déroulé de cette affaire "est la marque du bon fonctionnement" des institutions.
Dans son réquisitoire, le procureur de la République a jugé "les faits particulièrement graves". Il a requis 10 mois de prison avec sursis. Délibéré jeudi prochain.
Pour l"avocat du policier, son client est "un homme sympathique, expérimenté avec un parcours professionnel exemplaire, 10 ans au RAID, des séjours en Afghanistan..." Lors de son procès, il a reconnu avoir failli, "ce jour-là j'ai été un mauvais flic, parce j'étais fatigué et ça fait partie du travail quotidien d'un policier d'être usé, je me perçois comme un bon flic, mais un flic qui a failli".
L'accusé, âgé de 56 ans va probablement être suspendu de ses fonctions, regrette son avocat, Frédéric Birrien. En attendant, le policier a été affecté à d'autres fonctions dans l'attente de la décision de justice.
L'avocate du jeune homme, victime présumée, Gwendoline Ténier est satisfaite. Elle estime qu'il n'y a pas deux poids deux mesures, que le policier a été jugé comme tous les accusés.