La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes a maintenu en détention provisoire, ce vendredi 23 février 2024, un agriculteur retraité du Cambout, dans les Côtes-d'Armor. Il est accusé de "tentative d'assassinat" sur le mari de sa maîtresse en août 2021
Accusé de "tentative d'assassinat" sur le mari de sa maîtresse, en août 2021, un agriculteur retraité du Cambout, dans les Côtes-d'Armor, va rester en détention provisoire. Ainsi en a décidé la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes, ce vendredi 23 février 2024.
"Le coup est parti comme ça"
Les faits remontent au 17 août 2021. Ce jour-là, la victime a été blessée par arme à feu pour la deuxième fois en 15 jours. L'homme traversait les champs avec ses petits-enfants, sur l'exploitation de son fils. Il a été touché à la hanche et aux avant-bras. Une première ITT (interruption totale de travail) de trente jours avait été fixée, puis une seconde de dix jours.
Une enquête contre X est alors ouverte mais le profil génétique de l'agriculteur de 71 ans est retrouvé "sur un épi de maïs". Le suspect entretenait une "liaison extraconjugale" avec la femme de la victime. Cette dernière souhaitait rompre mais il lui "téléphonait tous les jours", "l'attendait sur les parkings" et "la menaçait de tout déballer" à son mari.
Un ami de l'agriculteur a également indiqué aux enquêteurs lui avoir "prêté une arme pour tirer les ragondins". Le retraité a finalement reconnu avoir "tiré avec la carabine" mais "le coup est parti comme ça" alors qu'il voulait "juste faire du bruit" a-t-il expliqué.
"Pas dans l'acceptation des faits"
Ce père de deux enfants et de cinq petits-enfants a été décrit comme "très déboussolé" et présentant des "signes dépressifs voire mélancoliques" par l'expert psychologue, en octobre 2022. Il a toutefois "banalisé et nié la gravité des blessures" infligées au mari de sa maîtresse, évoquant simplement "une petite éraflure". Pour lui, c'est son ancienne maîtresse qui l'a "envoyé en prison" et il fait désormais "une fixation" sur elle, a grincé l'avocate générale.
L'agriculteur à la retraite a été placé en détention le 22 février 2022. Deux ans, jour pour jour, après son incarcération, son avocat a sollicité sa remise en liberté. La qualification pénale de "tentative d'assassinat" est toujours en discussion. La même chambre de l'instruction l'examinera lors d'une audience prévue le 19 mars 2024.
Dans l'intervalle, Me Thierry Fillion a expliqué qu'il a "un peu de mal à comprendre comment on pouvait laisser ce septuagénaire dans de telles conditions" à la maison d'arrêt de Saint-Malo. L'avocat rennais s'est appuyé sur un rapport rendu par le contrôleur des lieux de privation de liberté après une "visite inopinée" de la prison en avril 2023, qui soulignait que "60 % des détenus ont moins de 2 m2 d'espace individuel" dans leur cellule.
"Il est dans le désespoir de se dire qu'il va finir sa vie en maison d'arrêt" a insisté l'avocat de cet homme qui "souffre de tendances dépressives depuis plusieurs années", notamment "en lien avec l'arrêt de son activité".
Toutefois, "il n'est toujours pas dans l'acceptation des faits et il n'y a pas de réelle évolution", a objecté l'avocate générale. La représentante du parquet craint qu'il n'ait "pas tourné la page" et "aucun certificat médical" ne démontre "l'incompatibilité de son état avec la détention".
Elle a donc réclamé son maintien en détention. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes s'est rangée à son avis.