Le parquet de Rennes sollicite la mise en examen de quatre policiers pour homicide involontaire suite au décès d''Allan Lambin, 19 ans, au commissariat de Saint-Malo dans la nuit du 9 au 10 février 2019. Le jeune homme avait été placé en cellule de dégrisement suite à son arrestation après un accident de la route à Dinard.
Allan est interpellé dans la soirée du 9 février 2019, après avoir embourbé sa voiture dans un fossé à Dinard. Il revient d'une après-midi billard avec son père et quatre amis, dans deux véhicules. L'accident est sans gravité. Un automobiliste de passage prévient pourtant les pompiers, qui appellent la police. Allan est très légèrement au-dessus du taux légal d'alcoolémie. Le père d'Allan, lui, est plus fortement alcoolisé.
Placé en cellule de dégrisement, Allan meurt au commissariat de Saint-Malo
Les témoins en attestent, ils racontent que les policiers sont nerveux, et d'emblée agressifs. L'interpellation se passe mal, Allan est plaqué au sol, le genou d'un policier dans le dos. Allan se pleint de la poitrine, il est emmené au commissariat de Saint-Malo. Son père est lui-même embarqué un peu plus tard par la police municipale. Il pense retrouver son fils au commissariat. Arrivé sur place il demande des nouvelles, on refuse de lui en donner. Il est lui aussi placé en cellule, un peu après 23h.
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Entre-temps, arrivé plus tôt au poste, Allan a déjà fait un malaise. Maître Hélène Laudic-Baron, avocate des parties civiles, explique que la famille est persuadée qu'il est décédé des suites de son interpellation et après le départ du médecin qui l'a examiné.
"Nous avons eu accès aux vidéos de surveillance du commissariat. Il n'y a pas eu de violence contre Allan mais, alors qu'il est obligatoire d'assurer une surveillance toutes les 30 minutes dans les cellules, ça n'a pas été le cas et pourtant les fiches de surveillance ont été signées par les policiers avec la mention "Rien à signaler". Sur les images, on voit Allan se lever une première fois et tomber à genoux vers 22h25 puis il s'écroulera la tête dans le lavabo" . Le médecin légiste le déclare mort à 1h10 du matin." Un premier rapport du médecin légiste souligne que si les secours étaient arrivés plus tôt, Allan aurait pu être réanimé, précise l'avocate.
Cinq juges d'instructions successifs
Trois ans et demi après les fait, l'affaire a été délocalisée à Rennes. Cinq juges d'instruction successifs ont eu la charge du dossier à la suite d'une information judiciaire, ouverte initialement à la demande de la procureure de Saint-Malo.
Maître Hélène Laudic-Baron espère désormais une mise en examen des quatre policiers avant septembre 2023. "Depuis plus de trois ans, il est temps que les réquisitions soient suivies d'effets" explique t-elle. "Surtout par humanité vis-à vis du père d'Allan, détruit par le drame."
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"Cela ne fermera pas le dossier" rajoute l'avocate car la famille attend aussi des réponses sur l'origine du décès d'Allan. Elle espère une contre-expertise en lien avec l'arrestation du jeune homme lors de l'accident de la route.
Il est temps que les choses bougent. Ce n'est que le commencement. On n'est pas maître des délais de la justice mais ma haine n'a pas changé. Ils ont détruit mon fils et ma vie est finie. Je n'ai plus qu'à me battre pour que justice soit faite.
Franck Lambin , père d'Allan
C'est en mars dernier, au terme d'un long argumentaire que le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc a sollicité la mise en examen des quatre policiers.
L'affaire ne sera pas bouclée pour autant. La famille souhaite comprendre ce qui est à l'origine de la mort d'Allan. Un premier rapport d'autopsie établit qu' Allan Lambin est mort d'un syndrôme asphyxique avec hémorragie.
Aurait-il reçu des coups lors de son interpellation et que s'est-il passé à ce moment-là ? C'est l'autre volet de ce dossier.