Alertes à la bombe. 3 questions à un expert en cybersécurité

Ces derniers mois, les alertes à la bombe se sont multipliées sur le territoire, perturbant l'activité des établissements scolaires, des administrations et des entreprises. Ce 18 janvier, un adolescent de 14 ans, originaire de Laval a été mis en examen notamment pour "divulgation d'information fausse afin de faire croire à une destruction dangereuse". Comment un adolescent peut-il, à lui seul, être l'auteur de plusieurs centaines de fausses alertes à la bombe ? Nous avons posé trois questions à Gwen Feunteun, expert en cybersécurité.

Lycée Émile Zola à Rennes, mairie de Saint-Brieuc, aéroports de Brest et Rennes, ces dernières semaines les fausses alertes à la bombe ont perturbé le quotidien de nombreux citoyens.

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Le plus souvent, c'est un mail anonyme qui est reçu par les établissements. À chaque fois, une enquête est ouverte pour tenter de remonter jusqu'à l'auteur de la menace.

Jeudi 18 janvier, un adolescent de 14 ans, originaire de Laval a été interpellé et mis en examen pour "divulgation d'information fausse afin de faire croire à une destruction dangereuse""menace de mort avec ordre de remplir une condition", "menace de mort matérialisée par écrit" et "tentative d'extorsion par violence, menace ou contrainte." Il est suspecté d'être à l'origine de plusieurs centaines de fausses alertes sur tout le territoire, selon le procureur de la République de Rennes.

Le mis en cause a expliqué avoir utilisé un VPN étranger pour masquer son adresse internet.

Ce fait divers soulève de nombreuses questions. Nous en avons posé trois à Gwen Feunteun, président d’ACCEIS, un centre d'expertise et de conseil en cybersécurité.

1/ Qu'est-ce qu'un VPN ?

Gwen Feunteun : ce sont des technologies qui sont destinées au grand public donc il n’y a pas besoin de connaissances techniques pour les utiliser. Tous les jours les enfants sont abreuvés de vidéos par des youtubeurs, des streamers, qui font sponsoriser leurs vidéos par des fournisseurs de technologies, de type VPN, et qui expliquent que justement ça leur permet de contourner des restrictions, de masquer leurs traces et d’accéder à des plateformes auxquelles ils n'auraient pas accès, en temps normal sur Internet, parce que c’est situé dans un autre pays.

Ce sont donc des outils qu'ils peuvent déjà utiliser dans un autre contexte et qu’ils ont décidé de prendre pour un usage plus malveillant.

2/ Comment retrouver leurs traces ?

Gwen Feunteun : il va falloir aller voir chaque opérateur dans le cadre d’une procédure judiciaire pour lui demander les informations sur qui était connecté à ce moment-là, pour investiguer. Ça prend nécessairement un peu de temps.

Quand il s’agit d’un téléchargement de films, les poursuites peuvent être abandonnées parce que la complexité de la chose va obliger à engager beaucoup de moyens pour finalement peu de résultats. Mais dans le cas d’une alerte à la bombe, on va mettre un maximum de moyens pour essayer de retrouver les auteurs.


3/ Comment expliquer le passage à l’acte ?

Gwen Feunteun : il peut y avoir des troubles psychologiques aussi. On est face à des adolescents qui sont peut-être en recherche de limite, en manque de visibilité ou de reconnaissance. Et puis il y a l'abstraction, derrière un ordinateur. On le constate dans d’autres domaines, sur les réseaux sociaux notamment, avec les problématiques de cyberharcèlement. La distanciation que l’outil apporte a tendance à déresponsabiliser, et ces jeunes ne sont pas forcément conscients de la portée de leurs actes.

Avec Gilles Le Morvan et Karine Hannedouche

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