Le 2 juin est la journée mondiale des troubles des conduites alimentaires. Emeline, 21 ans, a décidé de profiter de cette occasion pour sortir du silence et parler de sa maladie. La jeune femme se bat contre l’anorexie. Témoignage
Pour Émeline, faire baisser les chiffres sur la balance est une drogue.
Anorexique depuis le lycée, la jeune femme utilise la privation pour faire taire ses angoisses. "Je me suis réfugiée dans l’absence de nourriture, dans le contrôle de mon poids pour avoir l’impression de contrôler quelque chose, raconte-t-elle. "On a l’impression qu’on contrôle, mais pas du tout, on perd complètement les pédales " ajoute, lucide, Émeline.
Après plusieurs rechutes, Émeline ne se dit pas guérie, mais en rémission. Aujourd’hui encore, elle doit se battre, chaque jour, pour permettre à son corps de tenir debout.
"Ça me terrorisait de passer à table"
Emeline Thomas
Installée aux côtés de son père, la jeune femme se souvient : "ça me terrorisait de passer à table".
"Ça fait peur en plus, ajoute son père. Quand elle ne fait plus que 34 kg pour 1,70 mètre, c'est un squelette, on ne voit que les os partout", témoigne encore Gérard Thomas.
Dans des moments de crise, et pour éviter le pire, Émeline s’alimente grâce à une sonde naso-gastrique, qui envoie par un tuyau des produits de nutrition intégrale directement dans l’estomac.
Des troubles alimentaires aggravés par la pandémie de covid et les confinements
Les troubles alimentaires sont la deuxième cause de mortalité prématurée chez les 15-24 ans. Et la situation s’est aggravée pendant les confinements, liés au COVID.
"En échangeant avec les jeunes, on a constaté que durant le confinement, ils avaient beaucoup souffert de solitude, d’enfermement, de peur de l’avenir, ou d’angoisse, ce qui a été un terrain massif au développement des troubles alimentaires" explique Aline Lebossé, présidente de l’association Solidarité Anorexie Boulimie 35.
Comme Émeline, un million de Français sont atteints de troubles des comportements alimentaires.
Avec AnaÏs Guérard