La cour d'assises d'Ille-et-Vilaine a condamné à vingt-cinq ans de réclusion criminelle, ce mardi 25 juin 2024, un quadragénaire de Brest qui était jugé depuis cinq jours pour le meurtre de sa compagne Aurore Kiefer à Rennes le 20 août 2020. L’avocate générale avait requis la perpétuité.
Dans la nuit du mercredi au jeudi 20 août 2020 à Rennes, Aurore Kiefer est décédée sous les coups de son compagnon, dans l’appartement où vivait le couple, à Maurepas, à Rennes.
Une nuit d'horreur
Cette nuit du 20 août 2020, Richard Langner avait passé un appel aux pompiers à 1h54, pour les prévenir qu'il avait tué sa femme d'un coup de couteau, le dénouement tragique d'une relation marquée par la violence.
En juillet 2010, la victime avait eu un tympan perforé après une gifle. La relation avait aussi été marquée par une défenestration du troisième étage de leur immeuble, le 4 avril 2016, sans que la responsabilité de Richard Langner puisse pour autant être directement engagée. Cet accident avait laissé à Aurore Kiefer de lourdes séquelles qui l'avaient plongée dans un "état de vulnérabilité sévère et avérée", selon un expert.
"Une prison de violence et de souffrance, dont lui seul avait la clé"
Au quotidien, Aurore Kiefer avait "besoin d'une aide pour organiser sa journée, faire les courses, le ménage, les repas, pour se déplacer", ce qui laissait ainsi à l'accusé un rôle d'aidant... À l'époque, les médecins qui la suivaient avaient remarqué ce conjoint "omnipotent et omniprésent", "très désagréable" et qui "monopolise la discussion", qui l'accompagnait à chaque rendez-vous.
Elle avait pourtant bien tenté de s'échapper de cette "prison de violence et de souffrance dont lui seul avait la clé" : le 26 novembre 2015, elle avait porté plainte pour des "violences régulières".
Richard Langner avait ainsi été condamné par le tribunal correctionnel de Rennes pour "violences habituelles". Son père avait aussi tenté de la sauver, en l'hébergeant. Une mise sous tutelle avait également été demandée, mais elle n'a jamais été prononcée, le juge considérant qu'Aurore Kiefer était "en pleine possession de ses facultés".
La mère de Richard Langner avait, elle aussi, constaté que sa belle-fille avait "changé". Quand l'accusé avait appris que sa propre mère avait proposé son aide à sa compagne, il l'avait menacée de le lui "faire payer". "C'est comme si je voulais lui enlever sa proie" confiera-t-elle aux gendarmes.
Devant la cour d'assises, Richard Langner a minimisé les violences "sporadiques" subies par sa femme : il reconnaît "deux gifles" à Aurore Kiefer. La cause du tympan perforé ? Un "coup de matraque" qu'elle aurait reçu lors d'une manifestation en 2001.
"Tous les voyants étaient au rouge"
Des explications qui n'ont pas convaincu l'avocate générale : pour elle, Aurore Kiefer a subi des "tortures". Son "itinéraire programmé vers une mort violente" n'a pas pu être évité alors que "tous les voyants étaient au rouge", regrette la magistrate. Elle avait requis la réclusion criminelle à perpétuité, avec une peine de sûreté de vingt-deux ans.
Mais pour l'avocate de la défense, Richard Langner "n'a pas voulu tuer Aurore Kiefer". "Il a voulu, dans un accès non pas de folie, mais de profonde détresse, la violenter… N'oubliez pas qu'il porte ce poids", a plaidé Me Juliette Beigelman.
Devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, son client a demandé "pardon" à la famille de la victime. "Aurore, j'y penserai toute ma vie. Ça ne la ramènera pas, mais je voulais dire que j'ai mal pour vous et je suis désolé", a-t-il soufflé.
Richard Langner a dix jours pour faire appel.