Les arbres fruitiers semblent déboussolés par le climat. En cet automne particulièrement doux, voire chaud, les pommiers présentent les quatre saisons en même temps sur leurs branches. Doit-on s'en inquiéter ? Éléments de réponses en Ille-et-Vilaine.
De toute l'histoire de la météo, ce début d'automne est le plus chaud. Selon l'Observatoire européen Copernicus, la température mondiale de ce mois de septembre se situait 1,4 degré au-dessus des normales de l'ère préindustrielle. Avec des conséquences déjà visibles sur les arbres qui sont perdus à cause des saisons moins marquées.
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Aux Vergers de l'Ille, à Saint-Grégoire en Ille-et-Vilaine, les arboriculteurs s'inquiètent de cette douceur automnale. Ils sont face à des pommiers totalement déboussolés et épuisés par le yoyo de la météo. Un phénomène qui s'accélère depuis l'an dernier, selon Sylvie Forel. "Les petits arbres qu'on avait plantés il y a deux ans ont recommencé à fleurir en fin d'été, constate-t-elle. Ils se croyaient au printemps. Notre technicien arboricole nous a dit qu'il avait rencontré ce phénomène d'arbres avec des fruits à tous les stades, seulement sous les tropiques, donc dans des zones où il n'y a aucun repère pour démarrer la floraison".
4 saisons en même temps sur les branches
Les arbres présentent en effet sur leurs branches les quatre saisons en même temps, à cause des épisodes successifs de canicule, des hivers moins marqués où l'on manque de froid et d'un printemps pluvieux qui amènent aussi de la pourriture sur les fruits.
Les pommiers, comme les autres arbres, sont victimes du réchauffement climatique, tout autant qu'ils en sont un rempart, en stockant du CO2.
Les arbres pourraient même ne plus réussir du tout à encaisser ces changements climatiques.
Édith Le CadreProfesseure d'agronomie à l'Institut Agro Rennes-Angers
Édith Le Cadre est professeure d'agronomie à l'Institut Agro Rennes-Angers et elle met en garde : "Un arbre et une espèce végétale en général mettent du temps à s'adapter. Et là, l'intensité des changements que l'on est en train de subir fait que l'arbre met plus de temps à réagir et donc, on peut arriver à une certaine fragilisation de ces arbres. Si les évènements se répètent, ils pourraient même ne plus réussir du tout à encaisser ces changements climatiques" alerte-t-elle.
Des capacités d'adaptations qui ne sont donc pas infinies. Même si les arbres ont un vrai rôle de régulation du climat, en planter ne remplacera pas une réduction drastique des émissions de dioxyde de carbone.