Elles sont secrétaires médicales, infirmières, aides-soignantes, ils sont aussi brancardiers, opérateurs de stérilisation à la Clinique mutualiste de la Sagesse à Rennes. Depuis le 12 octobre, ils débrayent régulièrement pour réclamer des hausses de salaire et davantage de reconnaissance.
Aux fenêtres de la clinique, soignants et administratifs ont accroché des draps, des blouses sur lesquels se répètent les slogans. "Des métiers formidables, des salaires fort minables". "Ni nonne, ni conne !"
"Nous sommes en grève, explique Laurent Pineau, élu du personnel CFDT. Evidemment nous soignons nos malades et nos patients, mais nous faisons régulièrement des grèves d’une heure pour maintenir la pression."
"Nous, ce sont tous ceux qui n’ont pas vu leurs salaires bouger depuis des lustres, confie-t-il. Les secrétaires médicales, les aides- soignantes, les brancardiers. On se fait grignoter par le Smic. Notre salaire de base est en dessous du salaire minimum, évidemment c’est compensé par des primes et des trucs comme ça, mais pour les brancardiers, le salaire de base est 171 euros en dessous du SMIC, ce n’est pas possible ! Il faut que nos grilles de salaire soient revalorisées."
Des négociations nationales en cours
"Le contexte est difficile, reconnait Gwenaël Godin, le directeur de la clinique. L’inflation est terrible, mais les salaires que nous versons dépendent des conventions collectives qui sont négociées en ce moment au niveau national avec la Fehap. Le SMIC a augmenté de 11% en quelques années, les salaires n’ont pas suivi. Le personnel a l’impression que ce n’est pas juste."
"Les salariés ont bénéficié du Ségur de la santé et touchent la prime de revalorisation des salaires de 238 euros. Nous avons proposé une augmentation de 3% à compter du 1er juillet qui s’appliquerait tout de suite avant le résultat des négociations salariales, mais nous avons un budget à tenir."
"Les applaudissements, ça ne remplit pas les frigos !"
"3%, ça ne suffit pas. Moi, ça me rajoute 30 euros par mois, on fait quoi avec ça ?" interroge Laurent Pineau. "On sait nous dire qu’on est indispensable, quand on a traversé la crise, les gens frappaient dans leurs mains tous les soirs à la fenêtre, mais les applaudissements, ça ne remplit ni les assiettes, ni les frigos !"
"On participe au service public, expliquent en chœur salariés et direction. Cet été, on a accueilli des mamans et des bébés quand la situation à la maternité de l’hôpital était tendue, on a aidé l’hôpital de Redon."
"Mais nos métiers attirent de moins en moins, constatent les grévistes. Les gens quittent la clinique et le métier. On a des horaires parfois difficiles, il faut prendre en charge des gens qui souffrent ou qui ont peur. Ce sont des métiers qui demandent beaucoup de sacrifices et nous on a l’impression d’être les petits métiers. Alors que nous sommes indispensables, sans secrétaire médicale, les médecins ne voient pas les malades. Sans brancardier, il n’y a plus d’opérations possibles…"
"Il n’y a pas de petits métiers, assure la direction, évidemment que tout le monde est indispensable. Il faut que notre société reconnaisse davantage leurs missions."
Les négociations salariales se poursuivent au plan national. A la Sagesse, la grève continue aussi !