Crise à l’hôpital : aux urgences en Bretagne, l'été sera chaud

L’équation a toujours été compliquée. L’été, en Bretagne, les touristes arrivent au moment où les soignants partent en vacances. Alors que la démographie médicale se tend encore, qu’une nouvelle vague du Covid déferle, l’Agence Régionale de Santé veut rassurer, les plannings des services d’urgences sont presque tous bouclés et la médecine s’est organisée pour accueillir tous les patients.

Quand les beaux jours arrivent, les touristes affluent sur les côtes bretonnes et profitent des plages et des paysages. En moyenne, dans la région, les passages aux urgences augmentent de 20% entre juillet et août. De 2 500 patients par jour en moyenne le reste de l’année, le chiffre monte à 2 700.

Mais, c’est aussi pendant ces deux mois d’été que le personnel soignant a lui aussi besoin de vacances. D’après les données communiquées par les établissements de la santé de la région, 13 % des lits seront fermés en moyenne cet été. 

Si l’on ajoute à cette équation, la nouvelle vague du Covid qui se répand sur la région, (le taux d’incidence a été multiplié par 4 en un mois, 366 personnes sont hospitalisées pour Covid dont 32 en réanimation), on imagine aisément que la situation sera tendue. 

"Faites le 15 !"


L’Agence Régionale de Santé de Bretagne martèle donc le message : en cas de problème, faites le 15 !

À lire : Urgences au CHU de Rennes "il faut appeler le 15 avant de venir" insiste le chef de service du SAMU

Selon la direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques, précise l’ARS, "20 à 30 % de l’activité d’un service d’urgence est liée à une pathologie non urgente qui requiert une consultation simple en cabinet de ville ou une consultation de médecine générale requérant un plateau technique léger (biologie simple et radiologie standard exemple de traumatologie non grave)."

"Si vous avez besoin de besoin de soins non urgents, tournez-vous donc vers votre médecin traitant et si c’est une urgence vitale, faites le 15 avant de vous présenter aux urgences ", répète Stéphane Mulliez, le directeur de l’ARS Bretagne. "Le médecin régulateur pourra alors vous orienter vers le bon service d’urgence et déclenchera une intervention directement s’il s’agit d’une urgence vitale en envoyant sur place une équipe médicalisée (SMUR) ou vous dirigera vers un cabinet ou une maison médicale de garde. "

Des renforts au SAMU


"Si on demande aux gens de composer le 15, il faut qu’il y ait du monde au bout du fil", raisonne Stéphane Mulliez. Les services de régulation du SAMU seront renforcés (avec des incitations financières conséquentes puisque les médecins de ville qui participeront à la régulation seront rémunérés 100 euros de l’heure).

Des remplacements en ville

La médecine de ville a pris des dispositions pour organiser les remplacements et dans ce contexte particulier, les maisons médicales de garde pourront élargir leurs horaires notamment le samedi matin et les centres de soins non programmés prenant en charge la petite traumatologie, pourront dispenser des consultations de médecine générale. 
En Bretagne, il existe 32 maisons médicales de garde gérées par des médecins libéraux et 21 centres de soins non programmés également opérationnels pour la prise en charge des soins non urgents, comme la traumatologie.  

Les pharmacies mobilisées


Depuis l’automne dernier, la Bretagne expérimente la prise en charge des "petits maux" par les pharmaciens. 50 pharmacies bretonnes prennent directement en charge 13 symptômes cliniques fréquemment rencontrés, rhinite, maux de tête ou de gorge, douleur lombaire, petite plaie, brûlure au 1er degré. C’est autant de patients qui ne viendront pas engorger ni les cabinets médicaux, ni les urgences. 

L’hôpital en tension

"Pour l’instant, à l’heure où je vous parle, ça devrait passer ", indique le directeur de l’ARS de Bretagne. 
Depuis des semaines, les hôpitaux essayent de trouver des solutions pour continuer d’accueillir les patients aux urgences." Nous avons des difficultés sur certains jours de garde pour Rennes, Redon, Vitré, Fougères", poursuit Stéphane Mulliez, en expliquant qu’ils essayent de boucher les trous et de travailler sur d'autres organisations. "Mais partout ailleurs, indique-t-il, les urgences fonctionneront.

Le plan Braun propose plusieurs mesures pour renforcer le temps médical et soignant à l’hôpital. 
Un appel aux médecins retraités libéraux est lancé, les médecins internes en fin de cursus sont autorisés à travailler, tout comme les étudiants infirmiers et aides-soignants, (le calendrier des diplômes est modifié pour permettre l’arrivée de 900 infirmiers et 1500 aides-soignants dès ce début juillet). Enfin, la majoration des heures supplémentaires est doublée pour les médecins et le personnel soignant. 

Stéphane Mulliez se veut donc serein mais il reste réaliste. La situation est tendue. "Il suffit qu’un médecin urgentiste contracte le Covid pour désorganiser tout un service". L’été promet d’être compliqué.

De son côté, le collectif inter-hôpitaux de Rennes déplore "l'absence d’engagement pour des changements réels. L’orientation des patients, déjà pratiquée à Rennes, ne règle pas le problème du manque de lits dans les services". Il ajoute que "les soins de qualité, avec un ratio soignants-soignés digne de ce nom, ne seront toujours pas au rendez-vous. Malheureusement, ceux qui en auront besoin cet été s’en rendront compte".

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