Cop 28. "C’est un grand pas, même si c'est insuffisant". Des experts nous décryptent cet accord arraché à Dubaï

Un accord a été arraché in extremis à Dubaï à l'issue de la COP 28. Et, contre toute attente, "c'est un grand pas" estiment des expertes habituées à ce grand rendez-vous annuel. On amorce une discussion vers la sortie des énergies fossiles nous expliquent-elles, même si elles émettent des réserves.

« C’est un grand pas d’avoir amorcé la discussion sur la sortie des énergies fossiles ! Même si c'est insuffisant pour en sortir rapidement ». Spécialiste du droit de l’environnement, Marion Lemoine-Schonne est chercheuse CNRS à l’université de Rennes. Après avoir participé à dix COP (Conférences des parties) à travers le monde depuis 2009, elle a suivi à distance la négociation internationale sur le climat à Dubaï, aux Émirats arabes unis.

La juriste salue le consensus obtenu et rappelle que « nous n'imaginons pas que la diplomatie présidée par le ministre de l’énergie d’un état pétrolier aboutisse à une discussion ouverte sur la sortie des énergies fossiles ». Certaines COP se sont terminées sans consensus... « Ce texte est remarquable pour l’organisation de l’atténuation du changement climatique. En revanche, l’adaptation et le financement sont les parents pauvres ».

Capter et stocker le carbone

Pour atténuer le réchauffement, le texte désigne « pour la première fois » les technologies à développer pour capter et stocker le carbone. Les méthodes sont nombreuses, depuis la préservation de l’absorption du CO2 par l’océan ou les forêts, jusqu’aux capteurs en sortie des cheminées d’usine. « Un grand nombre de technologies sont encouragées par la COP 28, comme la production d’hydrogène bas carbone et le nucléaire. Ce référentiel commun va donner un élan pour l’ouverture de marchés et les investissements privés ».

L'accord appelle également à « tripler les énergies renouvelables à l’échelle mondiale d'ici 2030». L’arrêt des subventions aux énergies fossiles dites « inefficaces » est par ailleurs préconisé. L’objectif final reste la neutralité carbone à l’horizon 2050.

C’est une victoire diplomatique au regard du contexte géopolitique international

Béatrice Quenault

« C’est une victoire diplomatique au regard du contexte géopolitique international, souligne Béatrice Quenault, économiste à l’université de Rennes 2. Cette spécialiste des négociations climatiques internationales note toutefois que « l’éloignement des énergies fossiles n'est acté que pour les systèmes énergétiques, rien n’est précisé pour les autres usages du pétrole, comme la fabrication du plastique ».

Loin du compte face à l’urgence

L’économiste regrette surtout que « les solutions proposées pour l’atténuation du réchauffement ne reposent que sur des technologies. Leur promotion permet de créer des marchés, mais il faut aussi agir sur la demande, dans une logique de sobriété et d’efficacité ». Le texte signé permettra-t-il de respecter les obligations de l’accord de Paris de 2015 ? Celui-ci stipule que les gaz à effet de serre doivent être réduits de 25% d’ici 2030, pour limiter le réchauffement à 2°C en 2100. « L’engagement pris par les Etats à Dubaï correspond à une baisse de 5% des gaz, poursuit Béatrice Quenault. Nous sommes loin du compte face à l’urgence climatique ».

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