Depuis fin janvier, Le BAPU de Rennes (Bureau d’Aide Psychologique Universitaire) reçoit des étudiants de première année ou en première année d’études à Rennes pour leur apporter gratuitement et rapidement une aide psychologique.
Crises de larmes inexpliquées, troubles du sommeil, angoisse, décrochage scolaire, prise de stupéfiants ou d'alcool, tentatives de suicide... Les professionnels spécialisés dans l'accompagnement et l'écoute des jeunes se disent débordés depuis la rentrée universitaire.
Des rendez-vous en face à face
"Depuis septembre, le nombre d'appels à l'aide a augmenté de 30% au Bureau d’Aide Psychologique Universitaire de Rennes", rapporte sa directrice, le Dr Danièle Olive, psychiatre. "On a bien senti la détresse des étudiants dès le premier confinement du printemps 2020 avec plus de 400 appels reçus mais, cette fois, ces jeunes demandent à nous rencontrer. Face à leur malaise grandissant, un seul coup de fil téléphonique ne suffit plus."
C'est pourquoi, le Bapu propose depuis cette semaine des consultations sur rendez-vous et sans avance de frais aux étudiants de première année ainsi qu'à ceux qui arrivent à Rennes.
Ce dispositif, mis en place avec le Service Santé Etudiant et le Centre Hospitalier Guillaume Régnier (hôpital psychiatrique) de Rennes, est appuyé par l'Agence Régionale de Santé de Bretagne.
Ainsi, trois consultations sont proposées aux étudiants fragilisés par la crise covid. Cette initiative s'ajoute au « chèque santé mentale » disponible à partir du 1er février et voulu par Emmanuel Macron.
Intervenir vite avant le passage à l'acte
"Nous voulons surtout intervenir rapidement", explique le Dr Danièle Olive. "Rapidement avant que ces jeunes ne passent à l'acte en abandonnant leurs études ou en mettant leur vie en danger."
"Trois consultations, c'est certes peu mais cela nous permet déjà d'évaluer la situation et de mettre en place un traitement par la parole en démêlant avec eux ce qui les déborde."
Beaucoup se disent coincés entre une famille, avec laquelle ils ont assez naturellement des tensions, et la solitude. "Ils ne voient plus les profs, les amis, sur lesquels ils s'appuyaient et qui contribuent à rendre les études plaisantes en tout cas supportables... bref, leurs soutiens d'avant se délitent et l'avenir est incertain. C'est tout leur équilibre qui bascule et singulièrement pour les nouveaux étudiants qui n'ont pas eu le temps de se constituer un cercle amical".
En outre, "les circonstances actuelles favorisent l'émergence de problèmes sous-jacents", note encore Danièle Olive.
De la santé mentale des jeunes d'aujourd'hui, dépend la société de demain
Pour la psychiatre, il serait catastrophique de ne pas prendre en compte la détresse de ces jeunes. "Les étudiants constituent la plaque sensible des changements dans une société. Ils sont le réceptacle de toutes les questions qui traversent une société et participent en grande partie à produire les nouveaux modèles sur lesquels nous nous appuierons. Il en va ainsi pour chaque génération."
"Si elle est surmontée, l'insécurité d'aujourd'hui peut devenr une richesse"
"Si elle est travaillée, surmontée, l'insécurité actuelle peut devenir pour eux une richesse.(...) Traiter ces jeunes aujourd'hui, cela signifie moins de rechutes et de problèmes de santé mental plus tard, lorsqu'ils auront 30 ou 40 ans." D'autant qu'il est scientifiquement prouvé que les traitements par la prise de parole sont souvent efficaces à l'âge des étudiants.
Des structures d'accueil jusque là insuffisantes
Reste que les structures spécialisées dans l'accueil des jeunes s'estiment sous-dotées. A Rennes, les crédits dégagés par l'A.R.S. ont permis d'étoffer l'éuipe de psychologues et de psychiatres jusqu'en juin 2021. "Nous savons d'ores-et-déjà que ce ne sera pas suffisant", estime le Dr Olive. "Il faudrait pérenniser ces renforts. (...) Jusqu'à présent, nous pouvions avoir jusqu'à trois mois d'attente pour donner un rendez-vous."
Destinées en priorité aux nouveaux étudiants de Rennes, ces consultations sont également accessibles aux étudiants des autres années du public comme du privé. Une carte d'étudiant est nécessaire.
Prendre rendez-vous : 02 99 30 81 24 ou bapu.rennes@wanadoo.fr
Consultations au BAPU:11 boulevard de la Liberté à Rennes.
D'autres dispositifs d’écoute, d’accueil et de prise en charge médicale et psychologique des jeunes de 11 à 25 ans en Bretagne
Dans le contexte de crise sanitaire, l’ARS Bretagne renforce le financement de deux autres dispositifs :
- 13 « points accueil et écoute jeune » (PAEJ) : Brest, Carhaix, Centre Ouest Bretagne, Cornouaille, Fougères, Guingamp, Lannion, Lorient, Morlaix, Paimpol, Rennes, SaintMalo, Vannes et Saint-Brieuc.
Ils accueillent les jeunes âgés de 11 à 25 ans rencontrant des difficultés particulières (conflits familiaux, mal-être, échec scolaire, conduites à risque, délinquance, fugue, errance…), les soutiennent et les orientent, si nécessaire, vers des structures de prise en charge de soins, d’insertion sociale, de suivi éducatif, d’hébergement…
- Renfort apporté aux trois Services de Santé Universitaires (SSE): Bretagne Sud, Bretagne Ouest et Rennes. Ils proposent aux étudiants des consultations médicales (en médecine générale, gynécologie, psychiatrie, nutrition et tabacologie) et mènent des actions de prévention et d’éducation à la santé.
